Pour celle se voyant à l'avenir experte en matière criminelle, il était d'autant plus malaisé de taire ses pensées relatives au meurtre de la chambre numéro quatre.
Soudainement, devenir reine de beauté et d'autres choses afin d'alpaguer la profession peu accessible et tant convoitée lui semblait nettement moins affriolant...
Voir des carnages de près, étudier des cadavres baignant dans un sang nauséabond...
Était-ce réellement ce qu'elle désirait faire ?
En attendant, la voilà se prêter au jeu qui ne lui plaisait même pas.
À l'instar d'Annalena.
Même si les événements matinaux les avaient rapprochées à une vitesse fulgurante, on ne pouvait pour le moment pas encore dire des deux filles qu'elles étaient « amies ».
La concurrence était rude, le gain exceptionnel.
En pareilles circonstances il était bien compliqué de nouer des liens forts et réels.
Qui plus est, la mort de Calyssa mettait tout le monde dans tous ses états.
Mais pour Lucinda, il y avait encore pire.
Effectivement, nulle fée n'ignorait plus laquelle des bleues s'était levée la première.
Évidemment, si à première vue l'indice semblait trop gros, il permettait cependant d'apaiser un peu la terreur.
Si l'une d'entre elles était l'auteur des faits, pensait certaines, au moins la vérité éclaterait facilement.
Dans le cas contraire...
Heureusement pour elle, Maïder intervint à l'heure du dîner, tandis que la plupart attendaient leur repas en massant leurs chevilles ankylosées.
Elle savait qui était le coupable, disait-elle.
Et ce n'était pas une fée...
À ces mots, les procureures amateures se renfrognèrent.
Dans un sens, il aurait été bénéfique pour leur compétition que Lucida ait commis elle-même le meurtre.
Elles auraient là gagné une chance de plus de remporter le gros lot, mais aussi une semaine de répit.
Les éliminations se déroulaient chaque semaine, basées sur un système à points...
Quoi qu'il en soit, si la directrice avait temporairement calmé l'horreur et la terreur ambiantes, Maïder devinait que tout ceci n'était que temporaire.
Non seulement bientôt, les crêpages de chignon allaient sûrement réapparaître...
Mais surtout, la haute responsable ne leur avait pas tout dit.
À vrai dire, elle leur avait même relativement menti.
Les agents magiques chargés de débusquer le, voire les criminels, d'élucider l'affaire puis de traduire en justice le ou les coupables ne disposaient en réalité que de simples pistes.
D'autant plus que dans leur monde chargé d'étrangetés, il n'était pas rare que les réels meurtriers échappent à un déferrement.
Pour les plus accomplis, les plus talentueux, les plus compétents la possibilité de faire porter le chapeau à un innocent s'avérait facile.
De ce fait, et au vu des enjeux de la compétition nationale faussement innocente, Maïder craignait en réalité la réitération de pareils faits.
Elle ne l'avait pas dit à ses fées supérieures, encore moins aux élèves et pas même aux enquêteurs, mais au fond d'elle, son inconscient commençait tout doucement à faire émerger à la surface de son esprit des éléments plus que probables.
En attendant que la cheffe de ces êtres féminins pourvus de magie blanche n'accepte ces fuites, elle avait l'obligation de déterrer des éléments probants, afin de rassurer sa communauté.