Vantablack 2

L'élevage ~ Chapitre 2

Pour pallier au manque de natalité, on avait imaginé un dispositif en forme de cocon plongé dans le noir permettant de créer des fœtus humains.

Afin de doter leurs corps d'une immunité et d'autres fonctions essentielles, on les parsemait puis on leur injectait - par voir nasale ou buccale - dès leur apparition dans le monde extérieur une panoplie de microbes ayant pour but de coloniser leur organisme.

Ces microorganismes se voyaient diffuser sur tout le corps du nouveau-né. Après quoi, celui-ci s'avérait disposer de la même richesse microbienne que tout être humain naturel. Aloïs faisant partie de cette première catégorie d'individus, il avait lui aussi bénéficié de ces éclaboussures pailletées peu de temps après sa naissance artificielle.

À cet instant, le jeune apprenti ressentit une profonde curiosité quant à la manière dont étaient développés les bactéries et virus peuplant ses intestins. Parce que son tuteur n'était pour le moment pas sur place, il se dit qu'aller y jeter un coup d'œil ne lui poserait a priori aucun souci.

Les vaches robotiques nécessitaient un contrôle constant de la part d'un véritable gestionnaire, néanmoins Aloïs prit le risque de dénaturer la substance précieuse.

Quittant l'étable qui ne contenait en son sein aucun mammifère, le jeune homme un peu trop curieux traversa les différents sas jusqu'à parvenir jusqu'à ce qu'il était venu chercher : l'accès à l'étage supérieur.

Il ignora l'ascenseur, où il avait bien plus de chance de croiser une autre personne, puis monta une à une les marches le menant tout droit vers l'objet de son attention.

Une fois arrivé en haut de l'escalier, Aloïs constata que pas un bruit ne se faisait entendre. Pas de chaussures foulant le sol ni aucune machine ultramoderne ne perturbait le silence ambiant.

Encore plus intrigué, il avança jusqu'à une haute porte en métal gris, à la surface parfaitement lisse et brillante, puis actionna la poignée de la haute plaque en fer.

Là, il resta bouche-bée quelques instants. En face de lui, un homme en tenue de scientifique, une charlotte sur la tête et un masque médical sur la visage, tenait dans ses bras un tout petit bébé étonnamment calme.

Le nouveau venu au monde, emmitouflé dans une couverture, avait la tête - et certainement également le reste de son corps - badigeonné d'un produit fait de multiples microparticules d'un vert brillant.

L'apercevant du coin de l'œil, l'homme leva la tête. L'intrus s'apprêtait à être congédié, mais à la place, l'homme lui fit signe de s'approcher.

Devant l'air amical, avenant du scientifique au sourire éclatant, le jeune homme accepta l'invitation. Sans même porter une tenue stérile comme le second - dont il ne distinguait quasiment pas le visage - Aloïs récupéra bientôt le petit être dans ses bras peu expérimentés.

Le nourrisson était visiblement en plein sommeil. Parfaitement calme, léger, Aloïs le regarda avec tendresse quelques instants, sous l'œil attentif du scientifique.

Le jeune homme se dit qu'il devait vraiment avoir l'air digne de confiance pour se voir confier de la sorte un petit être vivant aussi fragile.

~ Fin ~