Heureusement qu'ils s'étaient bien remplis la panse avant de quitter le terrier, car la marche était longue.
Repus, ils progressaient sans même réfléchir à récupérer de quoi manger, tant leurs pensées étaient occupées à retrouver Géryon et sa protégée.
Panpan se plaignait du rythme - d'après lui - « anormalement lent » de leurs pas.
Le lagomorphe bondissait en avant, un brin tristement mais déterminé à retrouver Éléonore et son chien.
Qu'avait-il donc pu leur arriver ?
Au vu de l'attentat commis dans le repaire souterrain, même un lapin et des enfants étaient conscients de la gravité ce qu'il avait pu arriver à leurs deux disparus.
Néanmoins, se focaliser sur un scénario encourageant les aidait à supporter la situation, et les motivait à suivre leur piste.
Sur le sol de la route forestière, le rebroussement des éléments du terrain, à savoir les branchages et feuilles signifiait clairement qu'une voiture était récemment passée par là.
Dans le doute, il suffisait d'observer ces marques profondément enfoncées dans la terre, nettement en forme de sabots de cheval pour le fond de certaines d'entre elles.
En dehors des rapteurs d'Éléonore, qui donc aurait pu avoir une quelconque raison de passer par ici ?
Le quatuor s'éloignait certes certainement du reste de leur groupe, mais au moins, ils se rapprochaient là de leur véritable objectif.
L'ensemble de la fratrie irait probablement se retrouver à l'issue de cette opération chez l'un ou l'autre de leur parrain ou marraine respectif.
Toutefois, un point effrayait les plus perspicaces d'entre eux : après avoir retrouvé Éléonore et Géryon, comment faire savoir au reste de leurs frères et sœurs qu'il n'était plus nécessaire de partir à leur recherche ?
Sur ce dernier point, c'est Carméla - dans un éternuement sonore - qui signala à haute voix cette information.
Eudoxie pâlit et s'arrêta, imitée presque aussitôt par Yuka.
Voilà un autre problème à résoudre...
Panpan grogna alors.
Pourquoi donc s'arrêtaient-ils ?
Eudoxie et ses petites sœurs l'ignorèrent.
C'est alors que Yuka releva un détail non dénué d'importance.
Après avoir sorti Éléonore des griffes d'on ne savait qui, ils auraient de nouveau auprès d'eux Géryon, leur dogue allemand entrainé au mordant.
À ces mots, Eudoxie et Carméla contemplèrent un instant leur petite sœur avec admiration, puis le trio reprit ses pas, courant quelques instants le temps de rattraper l'avance de Panpan.
Bien qu'âgé, le grand chien gris possédait toujours - comme il l'avait démontré avec le chasseur - de vifs réflexes inhérents à tout chien de garde.
Le quatuor émit alors différentes hypothèses sans qu'ils s'en rendent compte orientées vers une fin heureuse des événements.
Peut-être que Géryon et Éléonore avaient déjà échappés à leurs ravisseurs ?
Et peut-être même que le chien de leur défunte mère en avaient fait un repas supplémentaire ?
Yuka alla même plus loin en arguant que si nulle trace de leur chair ne se trouvait dans les parages, c'était là la preuve manifeste que Géryon avait même pris le temps de camoufler sa macabre besogne...
Un regain d'espérance les fouetta alors, et tous quatre se mirent à courir.
Dans leurs jeunes esprits, leur sœur et leur chien s'étaient envolés à bord d'une voiture volée en direction de leur parent adoptif le plus proche.