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Il est vrai qu'aucune des trois n'appréciait d'une nouvelle fois diviser l'ensemble de leur fratrie.
Éléonore et Géryon d'un côté, Panpan et le groupe d'Eudoxie de l'autre et enfin le leur, désormais amputé de Stelyos qui devait déjà avoir atteint les premières portes du château.
Effectivement, pour se rendre auprès des montures, il fallait impérativement - à moins de couper totalement par la forêt ce qui était inenvisageable au vu de l'urgence de la situation - se confronter de manière frontale ou discrète aux gardes qui gardaient le domaine.
Après quoi, il ne manquerait plus qu'au seul garçon des enfants de croiser les doigts pour que le palefrenier n'ait pas déjà été corrompu par la superbe Sloane d'Écosse...
En attendant, Blanche, Cléophée et Arabella marchaient d'un pas vif dans une direction choisie par l'instinct de survie de la dernière.
Même du haut de ses neuf ans, la petite fille toujours calme était pourvue d'une sagacité supérieure à celle de ses grandes sœurs.
De ce fait, c'était sans trop se poser de questions qu'elles la laissaient mener la barque supposée les faire parvenir au plus vite auprès d'Éléonore et de leur chien.
Grappillant par-ci par-là de quoi remplir leur estomac - fruits comme protéines - les enfants marchèrent encore et encore en direction de l'extérieur de la forêt.
Soudain, l'ainée rompit la fausse impression de sécurité que tous trois tentaient de considérer comme réelle afin de mieux appréhender le danger :
- On est suivies, murmura-t-elle d'une voix blanche.
Elle ne voulait ni les faire paniquer ni leur faire croire qu'il ne s'agissait que de la présence de l'un de leurs amis de la forêt...
Cléophée pâlit.
Ordinairement de bonne humeur, elle ne pouvait s'empêcher de craindre que cette fois-ci, le chasseur présent ne serait pas abattu par leur protecteur.
Non loin de là, le comte Einar de Varde accessoirement parrain d'Éléonore vivait dans sa forteresse où tous les dix - Panpan et Géryon compris - pourraient selon Cléophée se cacher.
Tout du moins le temps que les choses se détendent, que leur marâtre en oublie leur existence et que par la suite ils puissent se venger...
Pourquoi avait-elle donc enlevé Éléonore et non Blanche ?
Les trois sœurs avaient de prime abord pensé que Sloane d'Écosse cherchait à éradiquer la prochaine héritière du trône - la deuxième de la fratrie étant la plus haute de taille - mais dans ce cas pourquoi n'enlever que celle supposée être l'aînée ...?
Quoi qu'il en soit, à cet instant la priorité était de parvenir au plus vite auprès du comte.
Elles étaient tout bonnement incapables ni d'estimer qui pouvait être leur nouveau chasseur ni la position de celui-ci ni de se battre correctement.
En tant que filles d'un roi, jamais l'idée de les entraîner à se défendre tels des hommes n'avait ne serait-ce qu'effleurer les pensées de leurs père et mère.
L'un de leurs précepteurs, répondant au nom d'Alistair avait un jour proposé d'apprendre quelques rudiments aux huit prince et princesses, mais même Stelyos n'eut pas le privilège de s'essayer aux sports de combat.
