Vantablack 2

Pygmalion ~ Chapitre 5

Debout sur le trottoir, une paire de lunettes aux verres aussi opaques que les vitres de sa voiture sur le nez, Yalo fixa discrètement, du coin de l'œil l'inconnue dont il convoitait l'un des iris. Celle-ci pris le chemin de l'entrée du parking souterrain d'un centre commercial. Seule. Avec espoir, le chirurgien imita sa proie en espérant qu'elle ne rejoigne pas là-bas une quelconque personne.

Subitement, il se rappela que l'on était en plein jour et en plein centre-ville : Yalo ne pouvait pas agir sans se faire remarquer. Par contre, il pouvait espérer voir la plaque d'immatriculation du véhicule qu'elle conduisait probablement et le suivre...

Judicieusement, le psychopathe reprit le volant de son bolide, redémarra rapidement le moteur, fit demi-tour au carrefour le plus proche puis se plaça tout à droite de la chaussée. L'homme patienta alors. À chaque fois qu'un véhicule quittait le garage géant, il scrutait le visage de chaque passager à la recherche de sa cible.

Au bout d'un long quart d'heure, où son cœur battait à cent à l'heure, sa persévérance fut récompensée. Recroquevillée dans une petite Fiat 500 couleur rose gold, la femme aux cheveux châtain foncé illuminés par un balayage de mèches blond doré croisa les yeux noisette du sociopathe.

Sans le savoir, celle que son futur kidnappeur venait de nommer Émilia se voyait maintenant suivie par une spectaculaire automobile. Elle lorgna quelques temps le véhicule dans son rétroviseur intérieur et se rendit compte qu'elle ne percevait pas une once de ce qui se trouvait dans son habitacle.

Émilia roula une petite vingtaine de minutes avant de déposer sa micro auto devant l'immeuble dans lequel elle vivait. Le quartier résidentiel était relativement calme : peuplé majoritairement de jeunes, la plupart des habitants se trouvaient soit au travail soit à l'école. Émilia quant à elle venait de se retrouver au chômage.

Après avoir déposé une myriade de CV et de lettres manuscrites à une panoplie de boutiques, elle rentrait chez elle afin de continuer sa chasse à l'emploi par mail, de chez elle. Sans qu'elle s'en doute, la magnifique voiture rouge sang n'avait pas quitté les alentours de son quartier.

Yalo s'était en effet garé derrière une tour, avant de sortir à l'air libre et de se cacher derrière un gros camion blanc. Accroupi au sol, il faisait mine de regarder quelque chose sur son téléphone. Tendant une oreille concentrée vers Émilia, il attendait avec impatience que celle-ci évacue la petite voiture.

Ce qui finit par arriver. La zone était déserte lorsque la jeune femme verrouilla son véhicule et prit le chemin de l'immeuble qu'elle habitait. Elle fit deux pas avant qu'une masse dure et lourde ne s'abatte sur son dos, lui plaque une main trempée de sueur sur la bouche et ne lui chuchote de se taire.

Trop effrayée pour réagir, elle suivit son agresseur docilement. Une Émilia tétanisée s'assit alors sur le siège passager de la sublime McLaren qu'elle reluquait quelques instants plus tôt. Yalo lui fit un grand sourire carnassier, et tandis qu'elle s'attachait, il mit le contact en l'informant qu'il lui planterait le long couteau rangé dans la boîte à gants si par malheur elle tentait de lui échapper.

Émilia n'osa pas vérifier ses dires.