Trois petits fantômes ~ Chapitre 3

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Hurlant un juron dans l'habitacle, le père de famille proféra ensuite une série de jurons à l'encontre de ces enfants stupides. Furieux, Aymeric coupa le contact puis sortit du véhicule.

Fort heureusement, le choc avait été bien trop faible pour alerter l'un des voisins : par précaution, il gronda le trio à voix presque basse, tout en leur demandant pourquoi donc ne pas avoir attendu calmement que la voiture les dépasse avant de traverser... ou simplement passer derrière elle.

Aucun des marmots ne lui donna de réponse. Néanmoins, l'un d'eux eut le culot de l'accuser de l'avoir gravement blessé. Soulevant les pans de son drap aux extrémités crasseux à force d'avoir trainé sur le sol, le benjamin lui montra une vilaine marque toute rouge sur le flanc.

L'instant d'après, les deux autres l'imitèrent. Après quoi, le grand blond perdit pied : le benjamin réclama qu'on l'emmène à l'hôpital. Immédiatement.

Aymeric répondit par un petit rire nerveux. Vu l'attitude de l'enfant, il appréhendait celle des parents... Or, étant à la recherche de ses enfants, il était hors de question qu'il perde son temps à emmener trois garnements se faire appliquer de la glace dans un hôpital.

De surcroît, de quoi aurait-il l'air si quelqu'un le surprenait faisant monter, en pleine nuit, trois enfants – dont deux vraiment jeunes – dans sa voiture tel un prédateur ?

Il refusa alors. Sans surprise, les membres du trinôme insistèrent chacun leur tour. Agacé, il finit par leur beugler dessus, puis, l'inquiétude vis-à-vis de la disparition de ses fils grimpant d'un cran, il remonta dans la berline et reprit tranquillement sa route.

Quelques dizaines de secondes plus tard, un riverain apercevant trois mineurs dehors, la nuit et dans ce froid mordant d'octobre, les invita chaleureusement à venir se réchauffer devant un chocolat chaud.

L'homme leur proposa même d'appeler leurs parents, probablement inquiets de ne pas avoir vu leurs enfants rentrer au logis.

Quelques minutes plus tard, le coupé métallisé d'un Aymeric soulagé mais vociférant contre ses deux fils, assis à l'arrière, repassa devant cette maison.

Derrière ces magnifiques volets en bois, un drôle de spectacle attendait quiconque découvrirait en premier ce qui restait de ce si bon voisin.

Au beau milieu de son salon, trois tasses d'un lait aromatisé au Nesquik salissaient un splendide tapis d'un blanc autrefois immaculé.

En effet, en plus des boissons, le liquide vital de l'homme avait imprégné  le revêtement synthétique d'un rouge cramoisi.

À quelques dizaines de centimètres de sa tête, droites comme un cierge, ses jambes fluettes reposaient contre le mur gris perle, comme si la partie supérieure du corps qu'elles portaient était tout bonnement invisible.

Ses intestins, entièrement retirés de son abdomen, avaient soigneusement été enroulés tout autour de son cou à la manière d'une écharpe. Quant aux autres de ses organes, nul ne sut ce qu'il en advint.

Sasha alerta son père sur trois mystérieux enfants réclamant systématiquement, en plus des bonbons, qu'on les laisse entrer dans la maison. Celui-ci lui fit part de sa propre expérience avec ce trinôme.

Comme Aymeric le désirait, on ne revit plus jamais les trois fantômes.

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