L'élevage ~ Chapitre 1

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Aloïs secoua la tête. Dans ses cheveux, une poussière verte venait de se déposer telle de la laque, comme sortie d'un spray. Le jeune apprenti leva la tête, fronçant les sourcils sous l'effet du rai de lumière qui lui piquait les yeux.

Assis contre le mur de l'étable, il était entouré de bestiaux robotiques destinés à créer ce que les vaches donnaient comme nourriture à leurs petits. La pitance blanchâtre coulait à grande vitesse dans des pies en métal avant de rejoindre par des tuyaux d'immenses cuves traitant la matière.

En parallèle, d'autres chemins d'acier reliaient une petite boite en fer aux substituts véganes de bovins. Leur rôle était crucial : il s'agissait d'ajouter à ce mélange d'eau agrémenté de lipides remplissant ces corps métalliques une dose importante de nutriments en tout genre.

Identiques en tout point - hormis sur celui de sa conception - au lait animal d'une holstein, ces engins permettaient d'accroître significativement la production en réduisant à néant la maltraitance animale et le risque de zoonoses.

Il existait bien une micro probabilité de transmission microbienne via les cuves, cependant, la production étant systématiquement contrôlée par le biais d'un échantillon, ce dernier n'était jusqu'ici jamais apparu.

Aloïs se leva alors. Du plafond, la substance poudreuse, faite de paillettes infiniment petites, continuait de colorer sa chevelure. L'élevage étant réparti en de nombreux quartiers - l'étage où le jeune homme se trouvait s'avérait être celui destiné au lait de vache - il chercha dans sa mémoire quelle pouvait bien être la spécialité située juste au-dessus.

L'apprenti gestionnaire logistique eut beau se creuser la tête, il fut bien incapable de se souvenir ce qui pouvait bien être élaboré à l'étage supérieur. Tournant et retournant dans sa mémoire la liste des différentes spécialités, il fut incapable de retrouver celle opérée à cet autre niveau.

Comme il le faisait lorsqu'il réfléchissait et qu'il cherchait une concentration plus élevée, Aloïs se remit sur pieds puis marcha de long en large. Ses collègues, il les croisait peu. Pour des raisons d'hygiène entre autres, on évitait les contacts physiques une fois entrés sur le site.

Il savait qu'en plus du lait animal, les ingénieurs avaient été capables de reproduire, et ce sans nuire à un quelconque cochon, poulet, mouton ou cheval, toute une série de produits animaliers. Ceux-ci allaient des œufs, au cuir et même à la viande.

Grâce à ces prouesses, qui avaient nécessité des siècles de recherche et des centaines de milliards de dollars d'investissement, nulle bête ne se ferait plus jamais abattre pour ses ressources - en tout cas pas au sein des pays disposant de cette avancée scientifique.

Époussetant ses cheveux, il contempla la substance sèche tomber de sa tête telle une pluie de paillettes ternes. Aloïs la regarda alors contre le sol. Elle formait un agglomérat de petits points qu'il était bien incapable d'identifier.

C'est alors qu'il trouva au fin fond de ses souvenirs ce qu'il était avec persévérance venu chercher. La substance verte, il la connaissait. En effet, comme tout humain conçu artificiellement, ses veines en étaient pleines.

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