Némésis ~ Chapitre 1

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Il y avait longtemps qu'Ambroisine habitait ce petit bourg qu'était Ansouis. Ce dernier s'était rendu célèbre en raison d'une triste tradition - cachée aux étrangers évidemment - consistant à enlever puis donner en sacrifice un enfant chaque premier lundi du mois d'août.

Effectivement, on rapportait publiquement chaque année, auprès de l'hôtel de police de la ville la plus proche la disparition d'un petit être, habitant permanent comme temporaire des lieux.

Doyenne d'Ansouis, Ambroisine avait donc l'an passé signalé l'absence plus qu'inquiétante du petit Nicodème, alors âgé de sept ans.

Le policier l'ayant eu au téléphone avait en conséquence demandé moult détails, néanmoins tout ce que l'ancienne put préciser fut que l'enfant était venu passer ses vacances auprès de ses oncle et tante, eux-mêmes parents de deux enfants, mais que leur neveu leur aurait filé entre les doigts pendant qu'ils préparaient se promenaient, peu avant le dîner.

On avait alors contacté lesdits oncle et tante, mais ceux-ci n'eurent pas grand chose à ajouter. Nicodème était un garçon adorable, mais légèrement hyperactif et fréquemment sujet à des sortes de mini fugues.

D'après Clarisse sa tante, une dame à la voix aussi grave que sa corpulence était épaisse, elle expliqua en passant sa main courte et large dans sa maigre chevelure orange fluo que le garçonnet prenait grand plaisir à s'écarter des sentiers lors des promenades.

L'enquête se poursuivit mais n'avança pas. L'enfant demeurait introuvable, mort comme vif. Les diverses battues ayant passé au peigne fin la totalité publique du village ne décela aucune trace de l'enfant, pas même une peluche égarée ou un morceau de t-shirt déchiré.

Le cas aurait pu passer pour un malheureux et dramatique accident si les agents en charge de l'enquête ne signalèrent pas à la presse que depuis maintenant une trentaine d'années, chaque été, un bambin, un enfant, un nouveau-né voire même à plusieurs reprises un adolescent disparaissait dans ou aux alentours de ce trou perdu.

Évidemment, aucune enquête relative à cette tradition n'aboutissait jamais, pourtant les villageois ne manquaient pas de bonne volonté pour aider les policiers.

En conséquence, plus personne de la région ne se risquait à effectuer la moindre promenade touristique dans ce joli village surélevé situé en pleine montagne.

On racontait en conséquence qu'un fou s'était attribué cette zone comme terrain de chasse, ou bien que les habitants s'amusaient à mentir aux autorités... ce qui était peu probable car même d'un point de vue administratif les enfants absents de la vie publique ne réapparaissaient jamais.

Quoi qu'il en soit, pas un seul touriste potentiel résidant à une distance raisonnablement éloignée d'Ansouis - et donc de sa curieuse affaire - de moins de dix-huit ans n'y mettait plus les pieds depuis des années, les seules exceptions mineures arpentant ces agréables chemins de nature composaient en effet la population du village, ou bien comme Nicodème se voyaient être un proche d'un ou plusieurs de ses membres.

Néanmoins, chose plutôt rare, on vit apparaître un beau matin une Skoda Octavia couleur anthracite transportant les parents de la dernière victime du culte occulte.

Ceux-ci se garèrent sauvagement devant la maison en pierre du frère et de la belle-sœur  d'Édouard Bertrand qui, redressant ses lunettes sur son nez fin et droit, multiplia ensuite les coups de phalanges contre la porte du dernier lieu connu ayant abrité son fils.

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