Aux alentours de dix-neuf heures, la sonnette de la bicoque de Clarisse et Hugues tinta. La maîtresse des lieux se leva alors d'un bond de son canapé en velours mauve avant d'ouvrir à Gersande.
L'adolescente apparut, un petit sourire poli aux lèvres. Non pas que passer sa soirée à garder deux enfants l'enthousiasmaient, néanmoins il était prévu que ce petit service entre voisins soit rémunéré.
Tandis que le mari de la rousse plantureuse déplaçait son gros corps malade jusqu'à la sortie - il salua au passage sans la regarder la dernière descendante connue d'Ambroisine -, Clarisse paya la demoiselle en avance, avant de lui donner quelques instructions simples nécessaires au bon déroulement de sa garde.
Bien évidemment, en cas de pépin, son téléphone restait accessible. Suite à ces consignes et explications, Gersande confirma sa bonne compréhension et, pour l'en prouver - après tout peut-être que ses voisins lui demanderaient de nouveau de garder leurs enfants ? - répéta tel un élève de sixième énonçant sa poésie l'essentiel de ce qui lui avait été indiqué.
Clarisse parut rassurée. La petite n'était finalement peut-être pas si stupide qu'elle en avait l'air...
Enfin, le couple partit effectuer sa petite balade montagneuse, non sans apporter avec eux un petit panier d'osier rempli de mets à la manière du Petit Chaperon rouge apportant une galette et un petit pot de beurre à sa mère-grand.
Pour ce qui était de leur maisonnée, Gersande partit à la recherche des deux garnements qui ne s'étaient même pas donnés la peine de venir lui dire bonjour.
Dans la chambre de Glaucon, elle trouva la fratrie au complet, avec en bonus un joli border collie bien allongé sur les genoux de la petite.
Nesquik devrait manger juste après les enfants et elle-même, Gersande avait bien pris note de cet ordre.
Leur baby-sitter leur demanda ce qu'ils avaient enfin de faire. Là, les enfants de six et sept ans se contentaient de regarder un épisode des Simpson.
Comprenant que ni Glaucon ni Pétronille ne désiraient quitter la chambre, l'adolescente les rejoignit sur le tapis, rendu coquet par de gros coussins moelleux.
Comme une fillette, Gersande rit à gorges déployées de longs moments puis, sentant son estomac gronder, elle demanda aux deux petits s'ils souhaitaient manger tout de suite.
Dans la chambre bien sûr, et sans le dire aux parents... Ce détail plut à l'un comme à l'autre, néanmoins tous deux se mirent d'accord pour repousser l'heure du dîner.
Au grand dam de leur nourrice, qui, l'estomac gargouillant férocement, décida de se rendre dans la cuisine afin de dénicher quelque chose de sucré à se mettre sous la dent.
Le plat du soir était composé de lasagnes maisons. Gersande mourrait d'envie de les entamer, cependant elle prit sur elle et à la place, ingurgita une pléthore de Dragibus, avant de s'attaquer à un paquet d'Oreo déjà entamé tandis que le son des pattes de Nesquik se faisaient de plus en plus perceptible.
Soudain, le chien se mit à aboyer agressivement. La jeune fille pensa tout d'abord bêtement que l'animal lui reprochait sa gourmandise, à tort.