Inunaki ~ Chapitre 7

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La nuit fut longue et difficile. Eri passa la nuit en compagnie de Sona, Hana et Rika, néanmoins elle ne parvint à s'endormir qu'au petit matin.

Car dès qu'elle closait ses paupières, une succession d'horreurs passait devant ses yeux : une tête coupée à l'expression abominable, un corps nu embroché en train de rôtir comme un poulet au-dessus d'un feu de camp entouré d'une tribu digne d'un film hollywoodien...

Heureusement, sa Volvo entretenait l'espoir qu'elle - et pourquoi pas Kaito et les autres - puisse bientôt quitter cet enfer. En effet, ayant pris soin de garder les clés avec elle, à moins que ces sauvages ne sachent démarrer un véhicule - ce qui semblait peu probable - la voiture ne risquait pas d'être déplacée.

Soudain, un sentiment d'effroi lui serra l'estomac. Et s'ils décidaient de ruiner leur seul échappatoire ? Là en l'occurrence, ça en serait quasiment terminé de leurs espérances...

À moins bien sûr qu'un énième abruti ne pénètre en ces lieux et voie également le piège se refermer sur lui.

Avant de partir dormir, chacun lui avait brièvement raconté comment il avait lui-même atterri ici.

Hana et Rika étaient sœurs : habituées à cueillir des champignons, elles avaient eu le malheur - l'inconscience - de partir à la recherche de cèpes et giroles dans une zone moins sujette à la promenade afin de trouver une véritable foison de champignons.

Hélas, elles ne revirent jamais leur Fiat entièrement rouge, garé quelque part en contrebas.

Botan s'était simplement égaré en rentrant chez lui.

Quant à Sona et Eiji, eux aussi membres de la même fratrie, avaient connu à peu près le même sort qu'Eri, à une différence majeure près : Eiji avait eu un accident de moto, le véhicule s'était envolé un peu plus loin sur la route.

Tous deux avaient simplement eu l'intelligence et le réflexe de sauter du véhicule lorsque le jeune homme s'était aperçu qu'il en perdait le contrôle.

Quant à Kaito, la raison de sa présence ici était on ne peut plus évidente : il avait perdu sa petite amie ici. Il le savait, car lors de son entrée à Inunaki, il avait découvert ses vêtements tâchés de sang tout près du campement.

Après ces rapides explications le jeune homme se ferma soudainement. Visiblement, le traumatisme était comme il était aisé de l'imaginer solidement ancré en lui.

Tous se trouvaient ici depuis moins d'un mois, se nourrissant de baies et de vivres volés dans la réserve du hameau. À ces mots, Eri déglutit.

C'est alors que Kaito redonna signe de vie. Les baies bien que délicieuses étant trop pauvres nutritionnellement, il fallait pour survivre récupérer ce qu'on trouvait au cœur même du danger de mort qui les menaçait.

On changea bien vite de sujet. En effet, la petite nouvelle n'était visiblement pas prête à découvrir quel type de ressources on piquait pour subvenir à ses besoins élémentaires.

Car isolées du monde et ne possédant aucune culture, les proies à Inunaki ne pouvaient qu'imiter leurs ennemis. Sans agriculture, pêche ou chasse, comment combleraient-ils autrement leurs besoins en nutriments qu'en dévorant - même à contrecœur - leurs semblables ?

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