La sortie ~ Chapitre 2

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Elle-même en proie à l'émotion, Estrid avait tant bien que mal tenté de calmer le groupe, amputé de déjà deux membres, afin de préserver ceux qui restaient

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Elle-même en proie à l'émotion, Estrid avait tant bien que mal tenté de calmer le groupe, amputé de déjà deux membres, afin de préserver ceux qui restaient.

Hélas, la jeune femme échoua et avec horreur, observa quelques enfants chuter eux aussi dans la mer tumultueuse.

Les cris s'amplifièrent paradoxalement, le vacarme était tel que la seule adulte palpable des lieux en eut mal au crâne.

Sa céphalée rendit sa voix agressive, furieuse : pourquoi donc les enfants ne s'éloignaient-ils presque pas du bord du précipice ?

Pourtant, Estrid les effleurait en direction de la zone de sécurité, voire même les prenait par les épaules puis orientait les petits corps là où ils devaient se mettre à l'abri du danger mortel.

Désastreusement, la succession d'accidents continua à se produire.

Alors qu'elle était persuadée de pouvoir quitter sans aucun souci le rebord de la falaise, il semblait que les enfants, au contraire, soient contraints de s'y maintenir.

Ils avaient l'air comme attirés par un aimant, ce que tous les humains présents mirent de manière raisonnable sur le compte du vent qui balayait l'air furieusement.

Un à un - voire deux par deux pour quelques-uns - les petits élèves d'Estrid mirent malgré eux fin à leurs petits jours en tombant de l'escarpement.

Quatre mois plus tard, alors qu'elle contemplait le bord de cette falaise maudite, Estrid sut que ce jour-là, quelque chose d'autre se trouvait auprès d'eux.

Ce n'était ni le vent, ni les mouvements de la petite foule qui avaient causés le décès de l'entièreté de son groupe-classe.

L'auteur de ce drame, sans que l'unique survivante ne s'en rende compte, se trouvait là, auprès d'elle.

Poussé lui-même du haut de cette falaise alors que lui aussi était venue contempler les vagues de la grande marée avec ses camarades de classe, le petit Birger, souffre-douleur de la petite tribu, avait eu l'opportunité de la contempler de très près.

Le garçonnet avait tout de même pu identifier l'auteure de son meurtre, juste avant que ses jambes courtaudes ne quittent la surface rêche et rocheuse de l'escarpement.

Estrid Gyllenstierna était l'enfant ayant posé ses mains la dernière fois sur son corps légèrement trop grassouillet au goût de ses camarades.

Alors que les autres se contentaient de l'effrayer, celle-ci avait délibérément frappé cet autre élève légèrement plus brutalement, causant indubitablement sa chute mortelle.

Non pas qu'elle ait souhaité le tuer : nul enfant n'était si mauvais dans ce petit village.

Cependant, il est vrai que mini Estrid désirait le terroriser, le faire tomber par-terre et le contempler crier, terrifié à l'idée d'avoir chuté si près du vide.

Visiblement, son calcul avait été plus que mauvais.

L'enquête n'ayant jamais pu prouver qu'Estrid ou un autre enfant avait poussé le défunt Birger, la conclusion s'était portée sur l'hypothèse d'un malencontreux accident.

Près de deux décennies plus tard, Estrid constatait avec horreur qu'un fatal incident était si vite arrivé...

Après quoi, elle se souvint enfin.

Sa mémoire avait enfoui au plus profond d'elle-même cette douloureuse culpabilité.

Alors qu'elle contemplait les yeux pleins de larmes les vagues déchaînées contre la surface rugueuse plusieurs mètres plus bas, une force invisible l'éjecta dans l'onde.

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