Les cloches de Plougastel ~ Chapitre 2

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Au bout de longues minutes de foulées intenses contre un sol sableux parsemé de cailloux, elles parvinrent enfin à l'entrée de la cavité.

Celle-ci était sombre comme la nuit, ne laissait pas entrer – et encore moins sortir – le moindre rai de lumière en son corps de roc. Élodie et Clémentine se lancèrent un regard avant d'hausser les épaules.

De toute leur vie, jamais en ce village elles n'avaient entendu parler d'un promeneur ayant croisé la route d'un animal plus dangereux que le berger allemand d'une des dames travaillant à l'accueil de la mairie. Ici tout était calme...

Pas un son ne fuitait de la grotte.

Son odeur minérale rappela les murs d'argile blanche qu'on trouvait parfois sur les collines de certaines  plages non loin d'ici.

Rassurées, Élodie invita sa jeune sœur à inaugurer leur découverte du jour.

Clémence mit alors un premier pied dans la grotte, puis le deuxième.

Elle progressa lentement de quelques mètres, avant de se retourner et de pousser la petite brune aux longs cheveux tressés à faire de même.

Quelques dizaines de secondes plus tard, les deux jeunes femmes arpentaient toujours cette mystérieuse cavité rocheuse où, exceptée la présence de quelques insectes discrets, aucun autre signe de vie ne se faisait sentir.

Bientôt, elles s'enfoncèrent si profondément dans le tunnel obscur que si par hasard l'idée de pousser un hurlement leur était venue, pas un être vivant en-dehors de la grotte n'aurait pu les entendre.

Ce n'est que lorsque l'effluve familière d'une chair animale grillée ne leur chatouilla les narines que les deux jeunes femmes commencèrent à se méfier.

Qui donc vivait en ce lieu lugubre et dénué de tout confort ?

Clémence faillit presque effrayer sa grande sœur lorsqu'elle évoqua l'improbable possibilité qu'un ours fut en train d'hiberner...

« On est en été, lui rappela Élodie, les ours hibernent l'hiver. »

Et de toute manière, la présence d'un ours n'expliquait pas cet agréable parfum de grillade.

On était encore très loin de la panique, mais il est vrai qu'un lent et insidieux sentiment de terreur parcourait doucement son chemin à travers les neurones des deux sœurs.

Pour le moment, seule la méfiance avait finalement réussi à se faire une place... Intriguées, ni l'une ni l'autre n'avaient ne serait-ce que pensé à quitter la grotte inconnue.

À aucun moment non plus, avant qu'elles n'y entrent puis s'y enfoncent, envoyer un message à l'un de leurs proches afin de les prévenir de leur expédition ou tout simplement partager leur localisation ne leur avait traversé l'esprit.

Les voilà donc perdues, dans le noir complet, en compagnie d'un seul troisième être vivant peu avenant qu'elles n'allaient pas tarder à découvrir.

Effectivement, ce que ces deux sœurs ne savaient pas – d'autant plus qu'elles marchaient l'une dernière l'autre, Élodie tenant du bout de ses longs doigts le t-shirt en coton de la blonde qui la guidait – c'était que la grotte n'était pas composée d'un chemin unique et linéaire.

Diverses trajectoires apparaissaient ça et là, hélas aucune des deux n'ayant pensé à aller chercher une lampe de poche – ni même à utiliser le flash de leur téléphone à la batterie pourtant pleine – elles marchaient à l'aveugle tels des bébés pandas sans trop savoir où elles allaient.

Les mains tendues en avant et les paumes dirigées vers l'extérieur, la plus jeune tâtait le vide de l'une et le mur rêche et sec de l'autre à la recherche des fameuses cloches de l'église Saint-Pierre.

Soudain, un reniflement sonore fit vibrer leurs tympans.

Peu de temps après, une fumée invisible, chaude et vaporeuse effleura leurs visages. Clémence stoppa net.

Enfin, son instinct de survie commença à s'éveiller.

Reculant doucement, elle posa le talon de sa chaussure gauche sur le pied de sa sœur qui émit un petit cri de surprise.

C'est alors qu'elles le virent.

Tout au long de la cavité, éclairé par la lumière bleutée du ciel qui perçait à travers un large abîme creusé dans la montagne qui donnait sur son repaire, un gigantesque dragon aux longues dents acérées les regardait fixement à quelques centaines de mètres.

Soudain, la bête remua son long corps sur le sol recouvert d'une couche aqueuse, qui semblait aussi épaisse qu'une flaque d'eau tant la créature était immense.

L'instant d'après, les cloches de Plougastel rejoignirent les entrailles de l'animal ancestral en une bouchée si rapide qu'elles eurent n'eurent même pas le temps de comprendre pleinement ce qui leur arrivait.

L'instant d'après, les cloches de Plougastel rejoignirent les entrailles de l'animal ancestral en une bouchée si rapide qu'elles eurent n'eurent même pas le temps de comprendre pleinement ce qui leur arrivait

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~ FIN ~

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