Némésis ~ Chapitre 3

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La vieille Ambroisine n'appréciait guère la venue d'étranger en son petit patelin. Généralement, lorsque l'un d'eux y mettait les pieds, c'était dans le but de faire du grabuge, de semer le trouble au sein de cette communauté soudée et en temps normal relativement tranquille.

L'ancienne avait bien deviné qui étaient ces gens dont on avait aperçu la belle voiture garée devant la bicoque de Clarisse et Hugues. Sans aucun doute possible, il s'agissait des parents du gamin de l'an passé.

Il est vrai que le choix de ce garçon lors de cette période estivale-ci n'avait pas été des plus judicieux.

Toutefois, malgré son tempérament peu enclin à rester bien sagement assis devant un dessin animé avec ses cousin et cousine eux parfaitement obéissants, sa fugue présumée n'avait pas satisfait l'obsession maladive qui était née chez ses parents quant au fait de savoir précisément ce qu'il était advenu de leur garnement.

Effectivement, quasiment un an plus tard jour pour jour, les voilà tels ces satanés journalistes revenir sur les terres ayant été foulées en dernières par leur rejeton, incapables de tourner la page.

Pourquoi n'en faisaient-ils tout simplement pas un autre, à la façon des couples normaux ? La maman semblait encore jeune, pas plus de trente-deux ou trois-trois ans à tout casser, le père à peine plus vieux apriori en bonne santé...

Non décidément, la doyenne ne supportait pas ces étrangers. D'après sa petite-fille Gersande, trois quarts d'heure s'étaient déjà écoulés depuis que les indésirables squattaient la baraque des parents de Glaucon et Pétronille.

Si ça continuait comme ça, la vieille allait déloger elle-même ces maudits intrus.

Pour qui se prenaient-ils, à débarquer un beau matin d'août sans crier gare et perturber toute leur localité ? On voyait bien qu'eux n'avaient pas d'enfants à gérer, pensait la vieille peau.

Soudain, le téléphone fixe de l'ancienne se mit à sonner. Une fois au bout du fil, Gersande l'informa que les étrangers venaient de remonter en voiture et s'apprêtaient à quitter les lieux.

- Bon débarras, lâcha la grand-mère.

- Je vais voir avec Clarisse ce qu'ils lui ont demandé, précisa sa descendante sans couper la communication.

Quelques minutes plus tard, le haut-parleur activé de la petite-fille de la doyenne activé, Clarisse annonça au pas de sa porte à l'adolescente à peine âgée d'une quinzaine d'années - une espèce rare dans les parages - que les parents de Nicodème ne reviendraient pas de sitôt.

- Ils m'ont redemandé les mêmes explications qu'ils le font chaque huit jours depuis un an, mais cette fois-ci pas au téléphone...

La rouquine avait l'air lasse. Manifestement ces foutaises lui tapaient sur le système.

Que pouvait-elle leur dire de plus ? L'enfant se promenait dans la proche forêt montagneuse d'Ansouis avec son oncle, sa tante, son cousin, sa cousine et même leur chien lorsque pour on ne sait quelle raison, le galopin avait décidé de se ruer par-delà le sentier qu'ils empruntaient, cela de longs instants avant que les adultes ne s'en rendent compte.

Glaucon l'avait bien remarqué, tout comme Pétronille, néanmoins du haut de leurs respectivement cinq et six ans au moment des faits, ni l'un ni l'autre n'avaient eu le réflexe d'avertir les adultes de l'escapade en solitaire de leur curieux cousin.

Vantablack 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant