Cette fois-ci, la pauvre Eri se mit à paniquer pour de vrai. Des larmes dues au stress s'écoulèrent doucement sur ses joues rebondies, tandis qu'elle enchaînait les reniflements. Au fond d'elle, l'espoir selon lequel le réseau se remettrait bientôt à fonctionner rétrécissait petit à petit.
Soudain, la jeune femme aux ongles toujours parfaits eut une idée brillante. Et si elle faisait demi-tour ? Là, c'était certain, elle finirait rapidement par retrouver le contact avec le reste du monde.
Malheureusement, elle mit plus de temps que prévu avant de se décider à mettre son plan à exécution.
En effet, la chaussée était tantôt en ligne droite, tantôt parsemée de virages plus ou moins serrés, et sa surface étant loin d'être plane il aurait été imprudent pour la conductrice de faire demi-tour au risque de provoquer un accident en entrant en collision avec un véhicule sorti de nulle part.
Au bout d'un long moment toujours en mode avion, où Eri dut parfois choisir entre un itinéraire ou plusieurs autres - sans jamais en profiter pour rebrousser chemin - la prothésiste ongulaire comprit alors que le moment parfait qu'elle attendait tant ne se montrerait pas de lui-même.
Elle s'apprêtait à retourner en arrière - pourquoi donc n'avait-elle pas fait marche arrière plus tôt ? La route était déserte ! - lorsqu'à sa droite, elle aperçut avec une surprise mêlée de soulagement un petit chemin qui s'enfonçait dans la forêt.
Naïve, Eri interpréta ce sentier comme étant un probable raccourci vers la partie de la zone où le réseau satellitaire était là bien en action.
Sans hésiter une seconde de plus, la voilà effectuer la manœuvre lui permettant de pénétrer sur cette route sablonneuse étrangement délimitée dans cette sombre forêt uniquement éclairée par ses phares.
Sans le savoir, Eri venait d'emprunter une route encore plus éloignée de sa destination que celle entretenue et construite par les services publics.
Il est vrai que cette ténébreuse forêt la mettait mal à l'aise, néanmoins la jeune femme avait à sa disposition - dans sa boîte à gants certes, mais tout de même relativement à portée de main - une petite bombe lacrymogène achetée sur internet il y a de cela quelques mois.
Si un quelconque maniaque venait à la surprendre et tentait d'entrer dans sa voiture, elle n'aurait qu'à appuyer sur l'accélérateur et / ou s'il parvenait à l'atteindre, lui envoyer une giclée de ce liquide transparent et apparemment douloureux lorsqu'il atteignait les yeux.
La petite Volvo avança donc prudemment non sans avoir chacune de ses portières verrouillées. Les vitres étaient bien évidemment fermées, et le sol sablonneux et légèrement givré empêchait à Eri d'aller aussi vite qu'elle l'aurait souhaité.
Elle roulait là presque au pas, sentant petit à petit le stress lui serrer de nouveau l'estomac. Et si elle s'était trompée ? Si ce chemin ne la menait pas du tout vers la route qu'elle avait déjà empruntée il y a de cela un bon moment en arrière?
Il était déjà trop tard pour faire rebrousser chemin. Contrairement à la route encadrée par le colossal bouquet d'arbres, ce large sentier au sol glacé et glissant était en pente descendante à voie unique.
Et en plus, il faisait nuit noire.
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Vantablack 2
HorrorRecueil d'histoires sombres inspirées de : - contes - faits divers - légendes urbaines - mythes.