Blanche-Neige ~ Chapitre 53

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L'enfant au parfum de charogne savait malgré son jeune âge qu'il se trouvait là sur une pente glissante

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L'enfant au parfum de charogne savait malgré son jeune âge qu'il se trouvait là sur une pente glissante.

Il conta les yeux embués de larmes des événements insolites, tristes et teintés de misérabilisme imaginaires qu'il avait pour habitude d'étaler aux adultes ayant le malheur de le prendre temporairement sous leurs ailes.

Soudain, Judicaël éclata en sanglots.

Une pluie d'eau salée s'écoula sur ses joues rebondies, traçant des layons gris pâle à travers l'épaisse couche de crasse qui recouvrait sa face.

Bien embêté que son guide se trouve mal en point, le bon comte se demanda donc comment il pourrait consoler cet enfant.

Après tout, il n'en avait lui-même pas un seul.

Sauf modification descendante de son arbre généalogique, ce serait la belle Éléonore actuellement disparue qui hériterait de tout son patrimoine.

Quoi qu'il en soit, Einar ne trouva pas de meilleure solution que de mettre la main à la bourse.

Glissant quelques pièces d'or dans la poche du garnement, celui-ci transforma alors ses reniflements en exclamations de joie.

Plein de gratitude, l'angélique Judicaël remercia chaleureusement son bienfaiteur, avant de se lever puis, tel un enfant normalement constitué, de mener ce grand adulte là où ils devaient aller.

Au passage, le comte de Varde donna un épais manteau en laine à l'orphelin, avant qu'un escadron de gardes transportant deux chevaux libres ne les rejoigne.

Judicaël savait monter, il le lui avait informé avant que ne furent apportées les bêtes.

La garde viendrait par sécurité, car l'enfant avait bien précisé qu'Éléonore était séquestrée quelque part sur le domaine royal, et plus précisément aux abords de son château.

Subséquemment, la troupe se mit au galop, non sans que des directives aient été données afin de préserver la sécurité du trio de princesses normalement en train de dormir dans les oubliettes.

Le petit cœur de Judicaël battait à tout rompre.

Il arrivait là au cœur de sa mission.

Avec horreur, il découvrit alors en même temps que son escorte le cadavre sans tête d'un homme trainant sur le sol.

Aussitôt, un mouvement de recul, une série d'exclamations surprises et dégoûtées se firent entendre.

Les actes abominables étaient rares dans le royaume, d'autant plus au sein même du domaine royal.

Cette forêt si paisible où Panpan et sa famille avaient toujours vécu et grandi ne connaissait jusqu'à il y a peu que le calme paisible.

Judicaël poussa un cri mal interprété et demanda aux hommes de s'arrêter.

Le comte de Varde accéda à sa requête non sans surprise.

Un enfant normalement constitué aurait pleuré, caché ses yeux, quémandé qu'on le prenne dans ses bras et supplié qu'on donne l'ordre à son cheval de partir au triple galop.

Ce n'en fut rien.

Le vaurien se laissa tomber au sol dans un mouvement trop gracieux pour que cet habitant d'une cabane délabrée ne soit pas habitué à jouer les cavaliers bien plus régulièrement qu'un simple miséreux.

Einar ne releva pas, néanmoins il est vrai qu'observer ce si jeune humain s'accroupir juste à côté de l'homme sans tête avant de pencher la sienne vers son torse était relativement inhabituel.

À la surprise générale, Judicaël plaça un doigt contre sa gorge au trou béant, en préleva un peu de sang mort puis le porta à sa langue.

- Il est mort il y a peu, dit alors l'enfant de la Décharge.

À cet instant, certains gardes d'Einar se demandèrent enfin d'où provenait ce gamin.

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