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Traversant la forêt durant à peine quelques centaines de mètres, Neven s'arrêta brusquement derrière un énorme séquoia.
De l'autre côté à cinquante foulées, la vie battait son plein. Il entendait les femmes, les mains chargées de panières de linge fraîchement lavé se plaindre des derniers événements survenus au sein de leur foyer.
Chez l'une, l'enfant avait chapardé une poire dans le jardin du voisin, causant par-là même le courroux du concerné qui s'était presque jeté sur le père du petit voleur en représailles.
Pourtant, ce n'était qu'une poire.
Mais en ces temps de famine, où le moindre fruit valait a minima de l'or, il fallait éviter de commettre même ce genre de petits larcins...
Neven connaissait vaguement ce village.
Celui-ci faisait partie de sa réserve, des endroits qu'il avait repéré puis gardé en mémoire afin de se servir quand il le désirait en ressources diverses et variées.
En ces lieux, il savait que trouver de quoi manger relevait du parcours du combattant - à moins de faucher des poires dans les arbres - mais que les voitures parfois se garaient là le temps que leurs occupants partent à la recherche d'un restaurant inexistant.
De ce fait, le mercenaire n'avait qu'à se faire passer pour un passant pour obtenir le bien convoité.
Afin de ne pas surprendre la population, Neven contourna les arbres dans le but d'entrer par les bois et non l'entrée officielle.
Bien qu'il ne laissait habituellement la vie sauve à aucun témoin, il tenait à paraître normal aux yeux de ces villageois, dans le cas où les choses tourneraient mal.
En conséquence, nul ne prêta grande attention à ce voyageur à la face capuchonnée jusqu'au nez vêtu d'un très long manteau.
L'étranger pouvait tout aussi bien être un individu de passage comme un chasseur de primes ou un criminel.
Quoi qu'il en soit, l'endroit était si pauvre que le seigneur des environs ne s'était même pas donné la peine d'y placer des agents tenus de maintenir l'ordre public.
Et ce, malgré le fait que ce village était une partie d'un des fiefs les plus proches du domaine royal...
Neven arrivé sur place avec grande facilité se mit alors en quête de dénicher ce pourquoi il était venu perdre plusieurs dizaines de minutes de sa vie dans ce trou.
Il voyait cela comme un investissement : cette Blanche-Neige lui rapporterait tant d'argent que le petit désagrément consistant à trouver de quoi la déplacer jusqu'à bon port n'était au final qu'un détail.
L'homme de main marcha donc lentement en jetant çà et là des regards furtifs.
Enfin, il le vit.
À l'entrée d'une petite ruelle, accolée à deux beaux chevaux de robe noire et blanche, un fiacre à l'allure bourgeoise étonnamment déplacé dans ce décor où les petites cabanes des riverains semblaient elles sur le point de tomber en ruines attendait que ses clients ne reviennent.
Assis sur le banc du conducteur, le domestique patientait calmement, les bras croisés et l'air pensif.
Neven réfléchit très vite.
En passant devant la voiture couverte de rideaux épais où les deux bêtes attelées le regardèrent avec un vague intérêt, le serviteur choisit enfin comment il allait passer à l'action.