Vantablack 2

Némésis ~ Chapitre 7

De plus en plus affaiblie, Gersande ne parvenait pas à échapper aux coups de bâton qui pleuvaient un peu partout sur son corps.

Édouard abattait ce morceau d'arbre mort, encore et encore. L'expression terrifiante de ses yeux, mélange de haine et de douleur consécutives à une injustice paralysait d'autant plus l'adolescente.

Que pouvait-elle faire en pareille situation ? Hormis s'époumoner, elle n'était bien capable de rien faire d'autres...

Avec consternation, la jeune fille se demanda donc pourquoi aucun habitant d'Ansouis ne venait à sa rescousse.

Les adultes se trouvaient certes quelque part dans la montagne, mais qu'en était-il de certains de ses camarades de classe et amis eux aussi habitants du village, tels Mathias ou Louis ?

Ceux-ci ne vivaient pas bien loin de la bicoque de Hugues et Clarisse, à moins que...

Avec horreur, et alors que l'homme continuait à la marteler de coups, lui infligeant une douleur aiguë à chaque attaque toujours autant maîtrisée, Gersande se souvint soudain que son bourreau n'était pas venu seul.

Où donc Diane, sa femme, se trouvait-elle en ce moment ?

Sans qu'elle ne puisse obtenir plus de réponses à ses interrogations, la descendante d'Ambroisine observa puis sentit avec une douleur effroyable qui lui remonta jusqu'à la hanche sa jambe droite se briser sous l'effet d'un coup d'une spectaculaire violence.

On aurait dit que l'homme qui la violentait venait subitement de relâcher toute sa rage dans ce dernier coup, afin que la souffrance indiscible que la perte de son fils lui provoquait soit transférée à celle dont il savait qu'elle était au courant, et même pire que cela, complice de ce qui était arrivé à Nicodème.

En effet, durant cette dernière année éprouvante pour ses deux parents, ceux-ci ne s'étaient pas contentés d'appeler chaque semaine ces soi-disant membres de leur famille.

En parallèle, ils avaient enchaîné, dans le plus grand secret de ces derniers, la visite et les échanges téléphoniques comme les courriers électroniques avec divers journalistes, eux aussi grandement intrigués voire préoccupés par ces inquiétantes disparitions d'enfants - ou tout du moins de mineurs.

Comme dans chaque petit groupe, une taupe avait fini par parler, ce qui, en trente ans, n'était pas bien étonnant.

Effectivement, peu avant leur tragique accident, Gonzague et Quintille avaient pris le risque de transmettre la totalité des informations qu'ils connaissaient à un enquêteur officieux particulièrement digne de confiance... en apparence.

L'homme aurait en effet dénoncé ces traîtres à la doyenne de cette communauté, mais heureusement, d'autres petites fouines elles bien plus honnêtes et fiables s'étaient emparées de ces communications par courriels avant d'entamer elles-mêmes des investigations.

Finalement, au cours des derniers mois, l'und d'entre elles, entrée en contact avec Diane et Édouard leur avait appris la triste réalité.

L'histoire les avait logiquement emplis d'animosité, les avait plongés dans une colère noire.

Un détail avait spécialement retenu leur attention : lors de cette soirée annuelle, il avait y compris été découvert qui était la jeune fille gardant Nicodème...

À partir de là, l'élaboration de leur plan pouvait commencer, et ce bien que ni Diane ni Édouard ne sache que l'exécution de Gersande était de toute manière déjà programmée...