Blanche-Neige ~ Chapitre 49

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Incapable de s'endormir en raison de l'agitation que l'or dégoulinant de sang et laid à mourir qu'il tenait à la main lui procurait, Skander finit alors par se lever.

Cette impossibilité de se reposer était une opportunité pour lui d'accélérer ses projets.

Effectivement, il faisait nuit, et traverser une forêt puis une succession de villages avec pareil colis risquait nettement moins d'attirer l'attention s'il le faisait maintenant qu'en plein jour.

C'est alors qu'il eu soudain une excellente idée.

Et s'il enrobait cette sale tête dans les vêtements recouvrant le corps auquel elle avait jusqu'à il y a peu appartenu ?

L'assassin aux lointaines origines albanaises s'affaira alors à retirer la veste en peau de mouton du criminel notoire, avant de l'étaler sur le sol.

Aplatissant le vêtement d'un brun sale sur le sol terreux en y donnant des petits coups du talon de ses mains - à la manière d'un pizzaïolo préparant la pâte pour une bianca -, l'homme posa ensuite son trophée au centre de la pièce de textile.

Après quoi, à la manière d'un cuisinier achevant la confection d'un feuilleté avant de la placer dans le four, il réunit l'ensemble des extrémités de l'habit au-dessus du cuir chevelu de Datila, avant de le refermer comme un balluchon.

Là, il était prêt à voyager.

Se promenant dans les bois, évidemment sans que quiconque, loup ou autre bête ne vienne le surprendre, Skander fit alors une bienheureuse découverte.

Au beau milieu d'une minuscule clairière, probablement placée là pour abriter quiconque se perdant dans cette forêt touffue, une cabane trônait là, attendant tels Hansel et Gretel qu'un imbécile y pose un orteil.

L'Albanais d'origine était bien trop rusé - et surtout au fait de nombreux procédés, dont se cacher dans ou bien autour d'un charmant logement faisait partie d'une sombre entourloupe - pour faire l'état des lieux.

Au lieu de ça, il continua sa route, non sans omettre le fait que dedans se trouvait peut-être une proie inconsciente qui, s'il n'avait pas croisé au préalable Datila, aurait probablement constitué son repas.

L'homme de main des parents d'Éloy sifflota.

Il aimait ce sentiment de liberté et de solitude que seul un homme se trouvant sans une seule compagnie dans un aussi grand domaine pouvait connaître.

Parfois, lorsque l'une de ses ingrates besognes étaient achevée, il se plaisait à mordiller ses anciens employés...

Néanmoins il gardait ce malin plaisir pour de rares occasions.

Il n'était pas bon pour les affaires d'assassiner ses clients, à la manière d'une Aïsha Kandisha ou d'une Rubis.

Pour faire parler de soi, maintenir sa clientèle et même l'étendre, le capable Skander savait que nonobstant ses réels sentiments à leur égard, ceux-ci devaient être bien traités.

Et réciproquement...

À l'instar de Neven, Datila ou même Mathieu, tout homme de main appelé pour un travail aussi peu louable n'avait pas la bêtise, la naïveté de penser qu'il était respecté par ceux qui l'employaient.

C'était comme avec une prostituée : il fallait traiter correctement l'outil afin que chaque fois que l'on souhaite user de sa seule utilité, celle-ci soit pleinement opérationnelle et ce, sans hésiter.

Vantablack 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant