Pupille ~ Chapitre 3

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Une fois le ménage terminé, la petite famille s'attabla afin d'engloutir un saladier entier de frites bien grasses, agrémentées de mayonnaise et de sauce béarnaise, tout ceci accompagné de poulet rôti. Après le repas, les petites débarrassèrent et leurs parents s'occupèrent du nettoyage de la table et de la vaisselle.

Le reste de la journée se déroula de manière normale, bien qu'Olina comme Annika ne pouvaient calmer leur inquiétude quant à la présence de la balle colorée trouvée quelques heures plus tôt. Visiblement, la grand-mère avait bien perdu la tête...

Après avoir regardé un film, il fut l'heure d'aller se coucher. En quittant sa mère, Olina tenta par le regard de lui transmettre sa terreur. Et si sa mamie n'était pas devenue folle ? Si le petit garçon lui avait bel et bien laissé cette balle en guise de souvenir vengeur ?

- Peut-être que c'était son fils à lui, interrogea-t-elle sa mère.

Cette dernière secoua la tête.

- Il est mort sans laisser aucun enfant, dit-elle d'un ton rassurant.

Mais au fond d'elle, le doute ne l'avait pas quitté. Après tout, peut-être que le « petit garçon » était en réalité un adulte ? Peut-être avait-il pénétré les murs en briques cette nuit-là ? « Non , se dit aussitôt Annika en quittant la chambre de sa cadette, les portes et fenêtres étaient toutes fermées. » Sa mère était morte une nuit d'hiver...

Ne pouvant fermer l'œil de la nuit, la femme d'Halfdan descendit au rez-de-chaussée avant de se préparer une tisane à la camomille qu'elle sirota sur le canapé du salon, non loin du couloir menant à l'entrée de la grande maison familiale. Bien qu'étant en plein été, Annika avait insisté auprès de son mari pour que chaque issue soit complètement close la nuit. La balle violette l'avait probablement rendue quelque peu paranoïaque...

Lorsqu'elle rejoignit de nouveau la chambre conjugale, une abominable odeur alerta soudain son attention. La main sur la poignée de la porte, elle ouvrit cette dernière avant d'hurler à pleins poumons.

Étendu dans leur grand lit, les jambes légèrement écartées, les poignets ensanglantés et le crâne ouvert, Halfdan gisait là, mort. La fracture de sa tête évacuait le mélange de plasma, de globules et de plaquettes jusqu'au bas de son ventre replet, tout en trempant en même temps la tête de lit en padouk ainsi qu'une partie de la draperie et des murs alentours.

Dans sa terreur, Annika ne s'aperçut pas que l'effluve de putréfaction avait quitté cette pièce. Bientôt, un violent coup, similaire à celui d'un poing lancé à toute vitesse contre une surface faite de chair et d'os retentit dans tout l'étage. Comme évacuée subitement d'un cauchemar, la mère de famille se rappela soudain que si son mari avait péri, ses deux petites filles a priori elles bien en vie risquaient de commettre le même sort.

Elle sortit en trombe de la pièce à la décoration morbide puis, dirigeant de prime abord ses jambes vers la chambre de Maja – la plus proche – elle bifurqua en un éclair lorsque la voix claire d'Olina perça le silence de mort de la maison dans un aigu « AU SECOURS ! ».

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