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Lentement, ses mains ancestrales arrachèrent la flèche de sa tête. Le bruit accompagnant cette action était presque autant épouvantable que l'image. Figées de terreur, la petite-fille et sa mère-grand n'osaient pas bouger.
D'un petit coup de pied, le démon envoya valser le petit panier de Loane. Un sourire abominable étira ses traits ridés, découvrant des dents jaunes et mal plantées.
Tenant toujours son carreau à la main, elle semblait ignorer le mélange peu ragoûtant de liquide cérébral mélangé au sang qui coulait verticalement de son front à son menton.
La fillette se dit avec horreur que la blessure suintait normalement de la même façon à l'arrière de son crâne. - VA-T'EN ! cria inutilement la petite fille. La chose ricana. En réponse et sans crier gare, elle lança d'un mouvement du bras vif comme l'éclair son dard en direction du lit.
Dans un cri, Loane entr'aperçut dans le coin de l'œil une tâche sombre et vive, effectuant son chemin en une fraction de seconde avant de venir se loger dans le crâne de sa grand-mère, à l'exact endroit où la vieille gouvernante avait elle aussi été touchée.
La fille du baron hurla pour de bon. Déjà allongée au fond de son lit, ses bras et sa poitrine vêtus d'une robe de chambre violette cessèrent soudain de trembler. Osant jeter un coup d'œil à ce visage qu'elle aimait tant, Loane accompagna ses exclamations d'horreur de sanglots bruyants.
Elle pleurait à la fois de tristesse et de terreur. Ne pouvant détacher ses yeux de ceux de son aïeule, sous le choc - s'additionnant à celui du meurtre de sa duègne - la petite fille au chaperon rouge ne prêta pas attention au son des pas de la créature qui s'approchait d'elle au fil de l'eau.
Lorsqu'une main tiède vint se poser de façon faussement peinée sur son épaule frêle, elle se dégagea d'un coup et frissonna des pieds à la tête. Elle ne pouvait se résoudre à tourner sa tête. Alors l'image vint d'elle-même devant ses yeux.
Rompant le contact avec le vêtement, la chose attrapa la tête de la fillette de chaque côté, une main aux veines saillantes contre chaque oreille recouverte d'un morceau de tissu coloré.
Constatant que Loane empêchait ces pattes de dévier son crâne, la vieille dame soupira un grand coup.
In fîne, le démon ayant pris possession de l'enveloppe d'une vieille gouvernante - après avoir abandonné celui d'un sublime chien-loup ayant appartenu à un voyageur, qu'elle avait également fait disparaitre - brisa le petit cou juvénile d'un seul coup.
Tournant sa tête de force à cent-quatre-vingt degrés, la créature laissa son très jeune corps choir sur celui de sa grand-mère. Après quoi, elle récupéra le panier en osier, dégusta une bonne part du gâteau confectionné par la petite noble elle-même puis changea une nouvelle fois d'enrobage avant de prendre la direction du château du seigneur.
Voilà des années qu'elle n'y avait pas mis les pieds. Avec joie, le veuf retrouva donc sa petite fille en fin d'après-midi.
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