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Le deuxième corps présent étant chaud, Stelyos eu au moins l'assurance qu'il ne s'agissait pas d'un cadavre...
Il faisait frais à l'extérieur, à peine plus qu'entre ces murs souterrains.
Le tunnel étant en pente, Stelyos se doutait bien qu'il ne pourrait pas facilement le remonter de lui-même.
En réalité, il n'avait aucune chance da parvenir à la surface sans une aide extérieure.
C'est alors que la silhouette remua.
Peu à peu, les grands yeux clairs bordés de cils noirs du seul fils de Xynthia s'habituèrent à l'absence de lumière et réussirent à percevoir les contours flous de ce corps étranger.
L'homme se releva doucement.
Manifestement Stelyos l'avait sorti de son sommeil.
Néanmoins, le petit prince n'était pas vraiment effrayé par l'inconnu : tout comme lui, l'autre n'était qu'un enfant d'environ six ans.
C'est alors que l'ancien noble perçu la drôle d'odeur qui émanait de cet autre humain miniature.
Il puait comme une charogne, on aurait dit que jamais de sa vie le moindre bain ne lui avait été donné.
Maintenant qu'il y pensait, le simplet se demanda si l'odeur nauséabonde que ses narines avaient croisé dès leur entrée dans ce cachot improvisé n'étaient pas en partie causée par cet étranger.
S'ils ne se trouvaient pas dans le noir, Stelyos aurait dévisagé une face barbouillée de crasse, aux cheveux gras gorgés de pellicules mêlées de lentes et aux ongles si noirs qu'on aurait pu se demander s'il avait tenté d'effectuer une french manucure avec du vernis noir au lieu de blanc.
Comme bon nombre d'enfants, Stelyos et l'intrus s'avéraient relativement fort sociables avec quiconque se retrouvait seul en leur présence.
C'est ainsi que le prince déchu fit la connaissance de Judicaël, vagabond des environs.
Pas le moins prudent, mais également bien jeune et inexpérimenté quant aux relations sociales d'égal à égal, le frère de Blanche raconta alors sa drôle d'histoire à son compagnon d'infortune.
Éberlué, le petit voleur à l'arrachée écouta d'une oreille attentive cet aristocrate né une cuillère en or dans la bouche lui raconter comment sa marâtre l'avait chassé de son château, lui et ses sœurs, et même leur chien tout gris Géryon.
Intelligent contrairement à ce faible élevé dans un cocon bien trop protecteur pour le monde froid, cruel et sans pitié dans lequel il avait été si soudainement jeté, le petit délinquant né de l'union entre deux criminels issus de la Décharge réussit non sans une facilité déconcertante à le convaincre qu'il pouvait lui permettre de recouvrer sa situation.
Levant un sourcil noir, Stelyos lui demanda avec gratitude comment cela lui serait possible.
D'une voix ferme, sûr de lui et aussi convaincant qu'un courtier expérimenté, Judicaël lui indiqua la marche à suivre.
Premièrement, s'il voulait redevenir prince du Danemark, il lui fallait absolument sortir d'ici.
Stelyos pleurnicha alors en rappelant à celui qu'il pensait à tort être son nouvel ami qu'il était incapable de monter jusqu'à la surface du grenier.
Le filou le rassura alors immédiatement : lui était parfaitement capable d'escalader le tunnel puis d'aller lui chercher de l'aide.
