Inunaki ~ Chapitre 22

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Parce qu'elle était la seule femme présente - et donc que ni Botan ni Kaito ne pouvaient faire ce qu'elle s'apprêtait à faire - Eri se permit de gifler violemment Elma.

Pas vraiment pour la punir, plus pour qu'elle reprenne conscience de la situation et se taise.

Ce qu'elle fit.

- On va devoir bouger, remarqua Kaito.

Les braiements de la nouvelle avaient en effet très probablement trahi leur position.

Avant cela cependant, il fallait s'occuper des deux sorcières qui sortaient de la forêt tel un cauchemar.

La suite fut extrêmement rapide. Botan se contenta de lancer deux couteaux qu'il avait en réserve à quelques mètres à peine de leurs assaillantes, qui tombèrent au sol, blessées.

Après quoi, Kaito les décapita à la machette, puis Botan reprit ses armes et le quatuor son chemin.

- Changement de plan, décida Kaito. On rentre au repaire...

Eri acquiesça, Botan ne répondit pas et quant à Elma, la culpabilité la poussait à se faire toute petite.

Leur corps à l'estomac vide, criant famine tandis que leurs muscles pleins de glucides couraient à travers bois les amenèrent en quelques instants auprès de leur cachette.

En un sens, il était bon qu'Inunaki soit si petit.

Lorsque le quatuor arriva auprès du feu - que Kaito dut rallumer - l'ensemble du petit groupe portait sur son visage une mine déconfite mêlée de terreur même pour les plus expérimentés.

Ils avaient faim, l'impossibilité pour le moment de repartir en chasse et, pire que tout - surtout pour Elma -, le reste de leur petite tribu les avait lâchement trahis en s'échappant avec leur seul moyen de fuir ce village morbide.

- On ira chercher de la viande séchée demain, marmonna Kaito.

Sortir avant le terrorisait tout autant que les autres.

C'était la fin, ils le sentaient. À moins que...

- Et si au contraire on attendait quelqu'un ? proposa Botan.

Il était en effet possible qu'une autre voiture échoue à Inunaki, auprès de la Volvo et de la Toyota d'un être humain qu'ils n'avaient même pas eu l'occasion de rencontrer.

Kaito réfléchit, mais Eri avait déjà fait son choix. Cette dernière rejoignait Botan, elle voulait partir d'ici, quitte à mettre sa vie en danger.

- Même en dormant, demain on n'aura beaucoup moins d'énergie, observa judicieusement la petite brune.

Elle ne précisa pas que de toute manière, il allait être encore plus difficile qu'en temps habituel de s'endormir.

Elma tremblait d'effroi. Dans quel abominable cauchemar avait-elle plongé ?

L'espoir que tout ceci ne fut qu'un rêve bien trop réaliste l'avait quittée, tout comme les autres au fond d'elle-même l'espoir n'était plus qu'une mince lueur sur laquelle elle se concentrait.

- Quand ? interrogea subitement le grassouillet.

Il avait hâte que tout se termine, y compris si tout signifiait mourir.

L'existence à Inunaki était hideuse, indigne d'être expérimentée. Telle une bête traquée, il en était réduit à se cacher, tuer autrui, dévorer de la chair humaine...

Kaito prit encore une fois une décision fatidique :
- On y va tout de suite, fit-il en se levant difficilement.

Soudain, un bruit sourd parvint jusqu'à leurs oreilles.

Échangeant des regards, le petit groupe comprit qu'un corps venait de se laisser glisser dans leur repaire.

Puis deux, puis trois. À cinq, Kaito ordonna d'aller se cacher dans le quartier des filles.

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