Se posait alors la question du meilleur moment pour agir. En bon chef naturel du groupe, Kaito avança qu'il faudrait agir de nuit, en roulant les phares éteints.
- Mais ils dorment la nuit, riposta d'un ton légèrement provocant la sœur d'Eiji.
Ce dernier dévisagea longuement Sona avant de lui répondre :
- Pas en pleine nuit, lui souffla-t-il.Sona parut comprendre où son groupe voulait en venir. Voilà ce qui était prévu : on sortirait tous un à un, le plus discrètement possible. Après quoi, par duo ou par trio, chacun se dirigerait vers la voiture - cela dans le cas où par malheur ils venaient à se faire prendre par des sauvages - avant de foncer vers le feu de camp.
Effectivement, comme le brun ténébreux l'avait appris à Eri, cette zone dénuée d'arbres faisait office d'entrée pour la partie habitée du village.
Après avoir écrasé, fauché, écrabouillé un à un ces cannibales hostiles, on foncerait alors, toujours bien au chaud dans la Volvo, vers l'autre partie du hameau.
C'est là, rappela Kaito, que la partie se corsait.
Car tous, jeunes, très jeunes et même très vieux vivaient à l'intérieur de petites cabanes.
Que faire alors dans ce cas ? On pouvait espérer qu'ils sortent eux-mêmes de leur abri tels des chiens de garde fidèles, néanmoins Hana évoqua une autre possibilité.
Et si on attaquait les sentinelles afin de prélever des armes ? Car il était bien plus sûr d'attaquer les habitants du hameau avec un arc qu'avec des pierres...
Son idée tomba vite à l'eau, car après une simple question de Kaito, on découvrit que pas un seul des survivants ne savait tirer, à l'arc comme au lance-pierre - comme la quasi totalité des citoyens du monde de ce XXIe siècle...
- Pourquoi pas fuir directement ? demanda soudain de façon très logique la sœur d'Hana.
Tous les regards se tournèrent alors vers Rika. Puis l'espèce de chef poussa un soupir las...
- Les sentinelles, répondit-il agacé.
Il précisa rapidement que voiture ou pas, on recevrait forcément des pierres et des flèches en cours de route - en espérant bien entendu que personne ne soit touché avant.Restait donc toujours le problème du hameau.
Eri reprit la parole en invoquant la possibilité d'agir sur plusieurs jours. D'après elle, on pouvait réitérer l'opération plusieurs jours d'affilée.
Botan valida son idée, mais le légèrement revêche Kaito rejeta son projet, soulevant le fait qu'il n'était pas impossible qu'en réponse les habitants du hameau se confinent.
- On manque d'armes, voilà tout, lâcha-t-il en guise de conclusion.
Tuer les campeurs pourquoi pas, mais cela ne garantissait en rien le succès de leur évasion.
- Le vrai danger, remarqua enfin Sona, c'est les sentinelles.
Personne ne se donna la peine de lui répondre, pas même Eiji.
- On est pris au piège, constata Botan d'une voix blanche.
Vivre sous terre tel un rat de manière indéfinie en allant régulièrement récupérer de la chair humaine pour prolonger cette existence presque indigne d'être vécue le bouleversait, à raison.
La discussion se prolongea un certain temps, après quoi Kaito pris une décision.