Vantablack 2

Inunaki ~ Chapitre 20

Sans crier gare, le taciturne du petit groupe formé par les trois cannibales temporaires enfonça d'un coup la lame de sa machette dans l'une des vitres arrières de la voiture.

En toute logique, ce geste eut pour effet de mettre un coup d'accélérateur au niveau des réflexes relatifs à l'instinct de survie d'Elma.

La Ford à la banquette arrière chargée de débris de verre bondit alors en avant avant de se diriger vers le hameau.

Las, Botan lança tel un shuriken le couteau qu'il tenait à la main. Celui-ci vint alors se planter dans l'un des pneus de la voiture fort discrète, qui roulait d'ailleurs à l'essence...

Automatiquement, Elma perdit en partie le contrôle. Néanmoins, elle parvint à rejoindre le hameau au bout de quelques minutes, non sans être suivie en courant par le trio.

- On devrait peut-être rentrer au repère, remarqua Eri. Elle est fichue...

- Mais pas sa voiture, observa de son côté le chef du trio.

La nourriture lui importait peu désormais : seul ce monstre rouge métallique excitait ses sens en cet instant.

Cette Ford qui roulait de façon aussi linéaire qu'un vieil alcoolique soûl comme un Polonais rentrant après avoir rempli les caisses d'un bar mal famé constituait leur plus belle chance de sortir de ce trou.

Botan proposa de lancer un couteau d'Eri - qui fronça les sourcils en réponse - mais Kaito le lui interdit vivement.

La voiture devait rester en bon état. La femme par contre...

Il n'en avait que faire.

Botan tout essoufflé mis quelques secondes avant de cerner le message subliminal de ce dernier échange.

Il regarda Eri qui esquiva bien vite son regard.

En aucun cas elle ne voulait être complice de ce genre de cas.

Arrivée au hameau, l'idiote du village s'arrêta enfin.

Et pas pour faire n'importe quoi.

Comprenant qu'elle disposait de quelques dizaines de secondes sur les sauvages qui lui en voulaient - Elma n'avait en effet pas compris que son existence leur importait peu, seul son véhicule justifiait leur comportement de prédateurs - elle baissa alors la vitre de son côté avant d'hurler à l'aide.

L'attente ne fut pas bien longue. Dans ce petit hameau, il était en effet encore bien trop tôt pour que les habitants ne soient en train de dormir.

Ils se trouvaient tous auprès de leur cheminée, à se réchauffer tout en éclairant leur logis sans eau courante ni électricité avec des bougies.

Quelle ne fut pas pour eux cette merveilleuse surprise, que de voir leur repas tout frais venir de lui-même à leur porte !

Un premier sauvage se leva afin de voir ce qu'était ce grabuge mais quatre éléments imprévus mirent fin à cette chasse passive.

En effet, le quatuor disparu réapparut auprès d'Elma. En même temps, les trois autres continuaient de s'approcher.

Comprenant qu'elle prenait leurs compagnons pour des ennemis, Hana - on mit bien vite une main sur la bouche de Sona - se fit passer pour une villageoise.

Judicieusement, elle lui fit croire que sa maison à elle se trouvait un peu plus loin.

Naïvement, Elma obéit mais cette fois-ci, cela lui rendit service.