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Neven sortit du carrosse furibond.
Un Mathieu en proie à la panique avait hurlé son nom comme s'il appelait son mâtin, le tirant logiquement de son sommeil.
Il s'apprêtait à lui hurler dessus que si lui n'osait pas le réveiller, il pouvait tout au moins y envoyer la fille lorsqu'il la découvrit alors.
Si l'épée aux pieds de l'homme aux yeux biseautés se seraient trouvés entre ses doigts, nul doute qu'elle aurait commis une deuxième mort.
Là, dans les bras d'une princesse déchue en pleurs, son joli visage joufflu tout contre la crinière brune de sa nounou d'infortune, le bambin bourgeois gisait sans bouger.
C'en était trop pour ce natif de la Décharge.
Il poussa une longue plainte de colère à l'attention tantôt de la température, de ces satanés chevaux qui n'avançaient pas assez vite, de Mathieu, de la reine et même d'Éléonore, bien que pour celle-là on ne sut pas vraiment en quoi elle y pouvait quelque chose...
Éloy était mort de froid au beau milieu d'une large route qui séparait le chemin forestier en deux.
Alors qu'Éléonore pleurait l'enfant, sous le regard légèrement teinté de pitié de Mathieu, lui et en particulier son complice étaient en proie à un regret sans nom.
Comment avaient-ils pu laisser un investissement pareil leur filer entre les doigts ?
Ce n'était pas comme si endormir des inconnus puis occuper leur domicile n'était pas monnaie courante dans leur milieu.
En faisant cela, le petit bourgeois aurait probablement survécu jusqu'à la transaction très lucrative le séparant a priori pour toujours de ces deux vauriens.
Certes, il leur restait la fille qui, aux dernières nouvelles leur rapporterait bien plus gros.
Entre le gain versé par la reine sa marâtre et les bénéfices de sa vente...
Néanmoins, il se passa un drôle d'événement, juste dans le dos de la jeune fille qui pleurait une énième perte - bien qu'elle ne l'ait que peu connu, son décès la touchait fortement également - en conséquence de ce drame.
Mathieu et Neven en vinrent aux mains.
Le premier, accusant le blond d'avoir priorisé la discrétion à la bonne tenue de la marchandise, son adversaire lui crachant à la figure qu'assurer la sécurité d'un enfant de trois ans n'avait rien de compliqué...
Ils se battirent donc, de longues minutes.
À un moment, l'un d'eux étrangla l'autre si fort qu'Éléonore se demanda s'il n'allait pas y passer.
Elle ne pouvait voir - et de toute manière elle ne souhaitait pas le savoir - qui menait le combat.
Quoi qu'il en soit, au bout d'un certain temps, elle entendit un grognement de douleur suivi d'un violent coup de pied réceptionné, puis un bruit de chute.
Suite à cela, une querelle éclata cette fois-là de manière purement verbale, puis le grand gagnant ordonna à l'autre de dégager sous peine de voir sa jolie tête rouler sur le sol à la manière d'un gland tombé d'un arbre.
L'autre s'exécuta malgré lui, et lorsque Éléonore aperçut enfin le dernier présent, elle découvrit avec horreur un Neven la figure en sang qui boitait à moitié.
