Blanche-Neige ~ Chapitre 46

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Quel dilemme de taille Skander devait trancher là !

Tout d'abord, il lui fallait regorger de nutriments son corps de plus en plus affamé.

Jetant un œil dans les flammes, il tendit alors la lame de sa hache à son feu de bois avant de se tourner vers le corps sans vie de sa proie.

Après tout, avait-il la nécessité de déplacer le corps entier jusqu'à la Décharge ?

Certes il lui fallait également retrouver le garnement, néanmoins pareille opportunité ne se présentait pas deux fois dans une vie...

Tout ce qu'il aurait à faire, ce serait présenter la tête du criminel du bout de ses doigts à l'assemblée venue se promener et faire des affaires au marché.

La Décharge proposait en effet également de multiples attractions surprises...

Toutefois, il est vrai que les bourgeois endeuillés l'avaient chèrement payé, qui plus est alors que pour le moment seul un acompte lui avait été versé.

Assis solidement sur le sol feuillu et frais, Skander sortit vivement son ustensile du four avant de l'abattre froidement sur la nuque de Datila.

Sa tête recouverte d'une toison de couleur châtain clair se sépara de son tronc dans un craquement repoussant, puis le sang sombre se mit à couler.

Il régnait une ambiance de mort dans les environs.

Ce qui ne déplaisait guère à l'homme de main.

La nuit était tombée, pas un seul oiseau ne gazouillait et nulle autre vie que celle venant d'en prendre une encore moins précieuse que la sienne ne semblait se trouver parmi ces bois épais.

Délicatement, comme s'il se saisissait d'une part moelleuse de cake au citron qu'il avait peur de briser, Skander décolla pour de bon, définitivement le crâne de Jamarcus Datila du reste de son corps.

L'homme dont la figure elle était bien vivante se voyait illuminé par la lumière propagée par son foyer.

Il regarda droit dans les yeux la face qu'il avait soulevé avant de la porter à la hauteur de ses propres globes oculaires.

On lisait la stupeur sur le visage affreux, l'idée même que pour cet assassin mourir ce jour et en des circonstances aussi stupides ne lui avaient absolument pas effleuré l'esprit.

Si seulement Datila était resté bien tranquillement dans son trou...

Skander aurait continué son chemin sans même le remarquer et le lendemain ou n'importe quand, Judicaël aurait pu effectuer ses transmissions comme prévu, correctement.

Contemplant cette vilaine tête, le meurtrier chargé de ramener un petit garçon à ses père et mère fit son choix.

Finalement, il avait tranché.

Tant pis - pour le moment - pour le petit Éloy.

Là, il allait faire demi-tour, rentrer à la Décharge puis vendre au plus grand nombre d'anciennes victimes directes, indirectes et par ricochet la bonne nouvelle qu'il allait apporter, celle-ci allant ensuite lui rapporter probablement bien plus que ce que ce gamin sûrement déjà mort ne le pourrait jamais.

Poussant un soupir, Skander n'en oublia pas pour autant un autre de ses besoins primaires.

Un instant plus tard, à la manière d'un pitbull croquant le mollet d'un cambrioleur surpris dans le jardin de ses maitres, Skander arracha avec les dents un morceau de chair profondément incrusté dans la jambe de sa victime.

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