Inunaki ~ Chapitre 3

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Eri avait l'impression qu'en roulant avec les feux de route, elle attirerait une ou plusieurs créatures malveillantes et anthropophages... la faute à son goût pour les films et séries morbides. Là, la jeune spécialiste de la beauté unguéale priait en son for intérieur pour que premièrement, le sentier n'aboutisse pas sur un cul-de-sac et deuxièmement, qu'il la mène bien aux alentours de l'itinéraire qu'elle était en train d'emprunter il n'y a pas si longtemps que ça.

Le silence ambiant terrorisait Eri. La jeune femme à la petite queue-de-cheval soyeuse et d'un noir de jais avait la nette bien qu'infantile impression que le moindre bruit, lui aussi, attirerait l'attention d'un maniaque, d'un wendigo ou de toute autre monstruosité voulant lui faire du mal.

Elle progressa donc lentement en suivant sans beaucoup d'autres alternatives le chemin tracé par ce sentier forestier. Les arbres menaçants laissaient leurs bras chargés de feuilles - l'hiver était plus que doux - effleurer la carrosserie de sa voiture achetée à crédit.

Toutes les cinq secondes, elle vérifiait avec espoir qu'internet ou simplement le réseau téléphonique s'était remis en place et à chaque fois, elle retenait une nouvelle flopée de larmes de stress, de désespoir et de terreur.

Au vu de la situation dans laquelle elle se trouvait à l'instant t, Eri se savait proche de celle présentant l'intrigue d'un film d'horreur, elle qui les aimait tant.

Hélas, la jeune femme, fille unique de deux marchands de fruits et légumes avait plus que compris la suite des événements, bien que consciemment elle rejetait les multiples scénarios qui risquaient bien de lui arriver.

Soudain, elle aperçut au loin un immense portail noir fait de ferraille. Majestueux, il lui rappela vaguement celui présent à l'entrée de l'académie de Mercredi dans la série éponyme.

Eri eut alors un petit rire. Tout ceci ressemblait tellement aux prémices d'une fiction horrifique qu'elle se demanda un court instant si elle n'était pas la victime d'une caméra cachée.

Parce qu'elle n'avait pas beaucoup d'autres possibilités au vu de l'implantation serrée de ces arbres pluricentenaires ainsi que de l'inclinaison du sentier sur lequel elle avançait, c'est tout naturellement et pleine de curiosité malgré le danger qu'Eri s'engagea dans le petit village.

Car en effet, en surplomb de la structure en fer de forme arquée, un message énonçait la phrase à la fois implicite et explicite selon laquelle « Les lois constitutionnelles du Japon ne s'appliquent pas ici ».

Peut-être qu'en prenant un peu plus le temps d'analyser les environs, Eri aurait effectué une risquée mais tout de même fort judicieuse marche arrière qui, à coup sûr, lui aurait sauvé la vie.

Au lieu de quoi, elle pénétra sans le savoir, doucement mais sûrement, au sein d'un hameau tellement paumé et isolé de toute civilisation que nul appareil électrique - et donc de réseau - n'y fonctionnait.

Soudain, Eri observa au loin ce qui semblait être un feu de camp assez imposant. De manière crédule, elle pensa intelligent de quitter son véhicule - non sans avoir au préalable déverrouillé toutes les portières - afin de montrer sa non-dangerosité aux habitants qui dansaient autour des flammes.

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