Vantablack 2

Le Petit Chaperon rouge ~ Chapitre 3

Au grand étonnement de la fillette, le parcours du chien-loup fut bien plus court que celui tracé par le sentier. Quelques minutes seulement après le drame, elle aperçut au loin le toit recouvert de paille de la chaumière de sa grand-mère.

Tenant son panier à deux mains, elle galopa jusqu'à la porte d'entrée. Là, elle frappa assez fort contre sa surface, se rappelant que sa mamie était à moitié sourde.
- GRAND-MÈRE ??? hurla-t-elle lentement et distinctement.

Posant l'oreille contre le bois ancien, elle crut percevoir un petit bruissement.
- Tire la chevillette, commença la vieille dame, et la bobinette cherra, acheva-t-elle tout essoufflée.
La dernière descendante de sa lignée s'exécuta. C'est alors qu'elle se rendit compte que son mystérieux guide avait pris la poudre d'escampette.

Déçue - elle aurait volontiers invité ce chien à manger un bout de gâteau dépourvu de chocolat - elle entra seule dans la maisonnette champêtre avant de refermer la porte.
- Grand-mère !

Laissant tomber son panier d'osier sur le sol, la petite-fille de jeta aux bras de son aïeule. Cette dernière se trouvait allongée sous une couette épaisse, des lunettes aux verres épais pendues au bout de son long nez aquilin. La petite s'assit sur le meuble en contant à la vieille dame ses dernières péripéties.

Lorsqu'elle évoqua le décès un poil prématuré du chaperon qui l'avait accompagné, le visage craquelé de la belle-mère du baron devint livide. Les prunelles figées, elle détourna les yeux du visage juvénile de Loane.

- Tu m'as dit qu'un chien t'avait amené ici ?
Cette fois-ci, c'est la fillette qui devint blanche comme un fromage. Sur le chemin, trop choquée par la scène dont elle avait été témoin - et en même temps terrifiée à l'idée de ne pas retrouver le sentier qu'elle suivait - elle avait naïvement suivi une bête totalement inconnue au bataillon.

À aucun moment, elle ne pensa qu'il était étrange qu'un animal sauvage sache exactement où elle désirait se rendre. À moins qu'il ne soit pas si sauvage... après tout, il avait adopté un comportement plutôt affectueux et calme pour un chien dépourvu de maître.

De la même manière, comment aurait-il pu comprendre ses échanges avec le chaperon au destin sanglant ? Un chien ne comprenait pas le langage des humains - à peine quelques bribes pour certains.

Les pupilles dilatées en raison de la terreur qui agitait son esprit, la grand-mère ordonna à Loane d'aller chercher deux gros couteaux dans la cuisine. Surprise, la fillette se leva encore une fois sans trop se poser de questions.

À cet instant, la porte s'ouvrit avec fracas. À la vue de la cause de cette intrusion, la vieille dame manqua de tomber dans les pommes, tandis que sa petite-fille se demanda sérieusement si elle n'était pas en train de rêver.

Dans l'embrasure de la porte - qu'elle claqua bientôt - la gouvernante du baron, arborant toujours une flèche mince en bois de frêne à travers son crâne séculaire fixait la fillette avec le regard d'une folle prête à tuer.