Les trois sœurs se regardaient chacune tour à tour sans mot dire.
Devant leur incapacité à s'endormir, et ce alors que leur corps quémandait une demi-journée de sommeil ou presque, Blanche, Cléophée et Arabella s'étaient résignées à allumer les lampes de leur grotte temporaire.
Elles l'espéraient en tout cas, que cet hébergement précaire ne durerait pas trop longtemps.
Pour cette nuit, la pièce ferait l'affaire, mais si leur emprisonnement volontaire venait à s'éterniser...
Le trio de princesses déchues survivait en se persuadant que bientôt, si Einar n'allait pas dénicher lui-même leurs frère et sœurs, ceux-ci se rendraient auprès de lui par eux-mêmes.
L'espoir faisait vivre, les petites en danger de mort en faisaient la curieuse expérience.
À l'instar d'un religieux, elles se persuadaient d'une fiction afin de rendre le réel plus facilement vivable.
En l'occurrence, Blanche et ses cadettes se doutaient évidemment de la délicatesse de leur situation.
C'est alors que Cléophée eu une idée.
Pourquoi ne pas chercher de quoi se protéger ici même, dans le palais ?
Dans un premier temps, Blanche hésita, mais devant la perplexité de leur autre sœur, l'aînée changea d'opinion.
Effectivement, par précaution il valait mieux pour elles qu'elles aient quelque chose de plus dissuasif, mais surtout de plus facilement transportable que des lampes torches pour dissuader un potentiel agresseur.
À l'image de la peine de mort dans certaines contrée...
Elles sortirent donc à la queue leu leu sans faire trop de bruit.
Comme des enfants allant se rejoindre la nuit dans le salon afin de regarder la télé en secret, une forme d'adrénaline sécrétée à l'idée que l'autorité les surprenne jaillit dans leurs veines.
Et si Einar les surprenait en train de se balader dans les couloirs au beau milieu de la nuit, lui qui faisait tout pour les protéger ?
À cette pensée, Blanche ralentit l'allure, mais l'une de ses accompagnatrices - elle ne remarqua pas laquelle - la poussa doucement en avant afin qu'elle reprenne sa progression correctement.
Elles étaient enfin arrivées au rez-de-chaussée de la demeure du parrain d'Éléonore quand Yuka émit une petite exclamation.
Sur le sol en bois, les traces de pas boueux d'un jeune enfant chevauchaient celles des longs pieds aux semelles nettoyées d'Einar.
- Un autre enfant ? remarqua Cléophée, éberluée.
Pantoise également, Blanche comprit alors que ses sœurs avaient vu juste.
L'itinéraire de ces autres traînées de pieds mineurs n'étaient pas les leurs : elles étaient bien plus petites - même en comparaison de celles d'Arabella - mais surtout, elles se promenaient là où aucune d'elles trois n'étaient allées.
Subitement, les yeux de la joyeuse de la fratrie s'écarquillèrent sous l'effet de la bonne surprise faramineuse qu'elle croyait avoir deviné.
- Stelyos est revenu ? dit-elle.
C'était là une question rhétorique.
Son désir de revoir son petit frère, jeté tout seul dans la gueule du loup, couplé à son souhait carabiné qu'il ne lui soit rien arrivé de mauvais la convainquait.
Aussitôt, trois paires de jambes se mirent à la recherche du petit en suivant les traces de pieds d'enfant de six ans.
D'abord dans le sens de l'entrée du château vers le salon où Judicaël avait soupé, puis dans l'autre.
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Vantablack 2
HorrorRecueil d'histoires sombres inspirées de : - contes - faits divers - légendes urbaines - mythes.