Pygmalion ~ Chapitre 2

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Le riche héritier se gara lentement près de l'entrée de sa gigantesque villa

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Le riche héritier se gara lentement près de l'entrée de sa gigantesque villa. Il éteignit le moteur puis sortit de la berline, claqua sa portière puis ouvrit son coffre. Saisissant la jeune femme dans ses bras, il referma adroitement l'ouverture dans lequel elle avait poursuivi sa nuit, tout ceci sans un bruit.

Quelques instants plus tard, toujours avec le corps de l'inconnue suspendu dans les airs, Yalo descendait les escaliers du sous-sol. Là, une immense cave abritait, bien cachée des domestiques, toute une panoplie lui permettant de démarrer son ouvrage.

Effectivement, l'homme longtemps sans activité ni passion avait fait le choix - durant les onze premières années suivant le second abandon de sa génitrice - de commencer et enfin de valider des études universitaires.

Et pas n'importe lesquelles : jusqu'au jour où il s'était vu récupérer l'entièreté de la fortune héritée de sa mère par son dernier mari, Yalo avait exercé au sein de l'hôpital d'une petite ville miteuse  en tant que chirurgien bariatrique pendant quatre ans.

Peu de temps avant de gagner le gros lot, cet homme discret et solitaire avait vu germer dans son esprit le désir vif de créer une femme parfaite. Pour ce faire, d'après lui rien de plus simple : il devait simplement trouver une base, à laquelle il soustrairait certains morceaux, remplacés par d'autres, prélevés sur divers cobayes.

La première - l'infirmière - disposait d'une relative bonne base : l'ossature de son visage traçait un ovale ni trop mince ni trop large. Son front, petit et plutôt étroit, s'harmonisait presque parfaitement avec ses joues rebondies et son menton pointu.

Yalo prévoyait de procéder par étapes. Tout en attachant cette femme à un lit d'hôpital, chaque cheville et chaque poignet soigneusement scellés chacun à l'un des quatre pieds du lit, il se dit que remplacer ce nez trop en trompette, omettre l'une de ces iris sombres par une plus claire et éventuellement, remplacer ces lèvres trop fines par une paire légèrement plus sensuelle était souhaitable.

Dans la même veine, retirer une partie du gras des joues de ce visage un peu trop poupin avant de s'occuper du corps lui paraissait bien.
Yalo soupira en admirant ce corps. Jeune et ferme, sa première proie respirait la santé. Malgré des cernes bleutés sous ses paupières claires, l'infirmière - qu'il choisit de nommer Daniela - avait l'air, jusqu'à ce qu'il ne l'endorme, plutôt en forme.

Il était épuisé par cette journée longue et haletante, durant laquelle il avait pisté cette femme de son domicile en plein centre-ville à son lieu de travail, sur lequel il avait patienté toute la journée dans sa voiture noire, une bonne partie de ce temps passé au soleil.

Mais enfin, il avait agi. Cet homme dont la vie l'ennuyait - dans tous les sens du terme - avait soudain repris goût à l'existence. Enfin, un projet, un but, une envie l'animait.

Non pas qu'il aimait les femmes plus que ça : ses rares aventures lui avaient laissé un goût amer, notamment grâce à la considération portée envers lui par sa mère.

En son for intérieur, Yalo savait qu'une fois créée, cette femme nouvelle ne vivrait pas une éternité.

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