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Saluant la foule d'une petite main, elle resta quelques secondes sur place, brassant les jambes de façon à maintenir sa tête au-dessus de l'eau.
Soudain, Chaource plongea d'un coup. Aussitôt, ses deux compères poilus firent de même, comprenant où leur meneur les guidait.
À quelques dizaines de mètres des surmulots, la ministre nageait d'une manière un peu gauche en empruntant l'itinéraire similaire à celui pris par le président quelques temps plus tôt.
Dégoûtée par l'eau qu'elle savait relativement sale, elle regretta amèrement d'avoir oublié d'attacher sa touffe rousse avant de rejoindre la Seine.
Elle progressait donc lentement mais sûrement sous les caméras braqués sur son pauvre corps englouti par le liquide nauséabond.
Brusquement, une douleur vive lui arracha un cri. Dans l'eau, quelque chose lui avait attrapé la cheville à pleine gueule.
- Des piranhas ! hurla-t-elle à la foule attroupée sur le rivage.
D'emblée, la masse de citoyens poussa des « Ho » étonnés et des « HAAAA » terrifiés.
Heureusement, un – seul - homme eut le courage de venir à sa rescousse.
Le président, sans se déshabiller, ôta seulement sa paire de chaussures lustrées avant de retourner dans le fleuve verdâtre. Mais au moment où il entama un crawl, la ministre des Sports disparu soudain dans l'eau.
Quelques bulles émergèrent à la surface. Puis, plus rien.
Cette fois-ci, les exclamations d'horreur furent unanimes : quelque chose – probablement pas des piranhas mais quelque chose quand même – étaient en train d'attaquer la ministre.
Immédiatement, le président enfoui sa queue-de-cheval plaquée, aux poils épais et soyeux, dans l'eau dégoûtante.
Ce qu'il regretta aussitôt.
Parvenu aux alentours de la petite rouquine, et malgré l'opacité manifeste de la Seine, le président découvrit peu à peu un spectacle digne d'un film d'horreur.
D'abord, il vit du sang. Beaucoup de sang. Les profondeurs du fleuve en étaient chargés. Ensuite, il failli hurler lorsqu'il observa la cause de cet amas de globules rouges en plein milieu de l'eau.
Agrippée à sa cheville, trois rats des villes avaient la mâchoire fermement plantées dans la chair de la ministre des Sports. Celle-ci, bientôt à bout de souffle, essayait tant bien que mal de se débarrasser de ces sales bêtes.
Agitant ses minuscules jambes rondes dans tous les sens, la pauvre femme n'osait pas les retirer en pliant son torse : elle craignait de ne pas réussir à remonter par la suite assez vite.
Fonçant droit sur les rongeurs, le président en saisit deux – un dans chaque main – en un instant, qu'il serra si fort entre ses paumes épaisses – dont l'une était décorée d'une magnifique alliance en or blanc – que les petits corps éclatèrent sous la pression.
Il allait attaquer Chaource mais ce dernier fut plus agile : tandis que la masse inconsciente de la ministre rejoignait les précédentes victimes du rat, celui-ci projeta ses petites dents vers la gorge du président.
Perçant sa carotide d'un coup de crocs, il laissa la surface de l'eau arborer une teinte rouge écarlate avant de s'enfoncer plus profondément dans la Seine afin de mieux profiter de son festin.
