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Pleine lune, le bateau se balançait sous les étoiles.
Laodice tourna brusquement la tête vers l'avant du bateau lorsqu'un mouvement attira son attention.
Unique passagère du paquebot à ne pas se trouver en cabine, la jeune femme profitait de ce dernier soir d'été en mer les bras accoudés contre le bastingage.
L'air frais refroidi par l'océan fouettait agréablement son visage, lorsqu'elle avait cru voir du coin de l'œil la silhouette trapue et poilue d'une bête inconnue.
D'abord plus surprise qu'inquiète, elle scrutait désormais à une distance de quelques mètres la zone où un animal était supposé se trouver.
À vrai dire, la bête avait paru passer furtivement de l'avant du bateau vers son centre, là où les restaurants, salles de loisir, cabines et autres pièces inhérentes à la croisière se trouvaient.
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Pendant un instant, la jeune coiffeuse se dit qu'il avait dû s'agir d'un oiseau.
Mais un oiseau volerait-il si rapidement ?
Si ce n'était pas un oiseau, quelle sorte de créature pouvait donc se déplacer avec une telle vélocité très tard un soir d'été ?
Il faisait déjà nuit, et sans les petits points étincelants dans le ciel Laodice n'aurait sûrement rien remarqué...
Un mauvais pressentiment la saisit alors. Sans savoir pourquoi, la jeune femme sentit soudain le besoin de s'éloigner le plus possible de ce navire.
Seul bémol : elle se trouvait en pleine mer, à plusieurs dizaines de kilomètres de la terre ferme la plus proche.
L'arrivée à Salem était prévu pour demain après-midi, pas avant.
Laodice devait donc prendre son mal en patience.
Elle voyageait avec sa mère, cette dernière très probablement déjà profondément endormie dans leur cabine même à cette heure pourtant pas excessivement tardive de la nuit...
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À cette pensée, l'idée de quitter le bateau quitta la jeune femme, remplacée par celle de retrouver celle avec qui elle partageait sa chambre éphémère.
Elle avait gagné ce voyage tout frais compris lors d'une tombola, et emmené sa fille avec elle afin de découvrir l'autre côté de l'océan Atlantique.
La croisière était supposée durée onze jours, à laquelle il fallait additionner un séjour d'une semaine dans le Massachussetts avant de retrouver Bordeaux.
À cet instant, Violette dormait en effet à poings fermés, le corps enveloppé dans une couette épaisse.
Lorsque sa cadette entra en trombe dans leur cabine, elle poussa un petit cri de stupeur.
La quinquagénaire s'apprêtait à vociférer contre sa fille lorsqu'elle découvrit son visage.
Légèrement pâlote malgré son bronzage tout frais, la petite coiffeuse venant tout juste de valider son brevet professionnel semblait avoir surpris un fantôme.
Sa mère se réveilla alors puis tapota sa couche pour lui faire signe de s'asseoir auprès d'elle.
La jeune femme referma la porte - non sans prendre un soin tout particulier à vérifier plusieurs fois qu'elle était bien verrouillée - puis obéit.
Elle réfléchit ensuite à ce qu'elle allait pouvoir dire à sa mère cardiaque.
Devait-elle lui parler des coups de griffes épaisses se trouvant çà et là sur le mur un peu plus haut dans le couloir ?
Ou bien encore des traînées de sang qui décoraient le pont du bateau ?
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