Dans le bocal ~ Chapitre 1

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Octavien Morvan fit un dernier tour de l'exposition avant son ouverture

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Octavien Morvan fit un dernier tour de l'exposition avant son ouverture. Passant devant chaque bocal gigantesque, dans lequel une unique pièce – sauf pour quelques rares exceptions – baignait dans du formol, il vérifiait la transparence du contenant, preuve de son bon entretien.

Par « quelques rares exceptions », il faut là entendre des cas ayant tout particulièrement séduit le public des précédentes régions où il les avait exhibés - telles que Toronto, Barcelone ou Londres – de par leurs difformités peu communes et variées. Pour d'autres, leur rare beauté les avait envoyés tout nus, dans l'une des cellules transparentes que les fidèles employés du riche héritier s'arrangeaient pour en enrichir continuellement la collection.

Bientôt, l'hôtesse d'accueil ouvrit les portes-vitrines en verre, laissant entrer la ribambelle de curieux amateurs de divertissements macabres – seule une minorité d'entre eux venait par pure intérêt pour la médecine.

Sur le mur, une banderole annonçait le lancement de l'exposition de corps humains.

Morts évidemment.

Durant des mois, l'entrepreneur avait investi dans la publicité par tous les canaux : panneaux d'affichage sur l'autoroute, publicités télévisées et même sur les réseaux sociaux... Visiblement, la campagne s'avérait rentable.

L'homme d'affaires se chargea lui-même de présenter l'exposition tant attendue – leurs yeux pétillaient d'impatience – par un discours pompeux avant de leur faire signe de les suivre.

Poussant les portes battantes couleur bleu nuit, il les laissa pénétrer dans la salle plongée dans le noir - de façon à prolonger le suspense.

Lorsque tous les spectateurs prirent place, et que les portes sombres se refermèrent, Morvan claqua ses doigts et, dans la seconde, un petit employé se chargea de la petite – bien qu'essentielle – tâche consistant à allumer la lumière.

Morvan avait cru naïvement que certains, en voyant ces yeux vides – pas toujours uniquement d'expression -, ces peaux pâles où plus aucun sang ne circulait, ces cheveux cassants et ces ongles jaunâtres, se mettraient à hurler d'horreur. Voire carrément, qu'ils quitteraient à toute vitesse la pièce éclairant distinctement toute une série de corps humains.

Il y en avait de toutes sortes : des hommes, des femmes, des enfants hauts comme trois pommes comme des adolescents aussi grands que la plupart des adultes, des secs, des plus gras, des cadavres aux teints allant d'un blanc presque translucide à ceux recouverts d'une peau brune qui avait été de son vivant presque noire.

Excités par l'envie de découvrir les pièces maîtresses du Salon des dépouilles, les échanges se firent de plus en plus bruyants, élargissant le sourire de l'homme d'affaires. Qu'ils en parlent positivement ou négativement, qu'ils l'amplifient, en inventent des pièces ou, qu'au contraire, ils amenuisent le spectaculaire de sa collection, dans tous les cas sa publicité était là plus que faite.

L'homme d'affaires calma la foule d'une voix forte, mais douce. En effet, comme il le leur prouvera bientôt, ces grands corps maigrichons comme ce petit garçon souffrant d'une maladie génétique responsable de la taille anormalement énorme de son crâne – ce qui avait d'ailleurs causé sa mort - n'étaient rien en comparaison du clou du spectacle qui les attendait bien chaudement à la fin de l'exposition.

Bientôt, il les mena un peu plus loin.

La foule dirigée par son meneur peu scrupuleux n'avait pas fait trente mètres qu'une jeune femme mâchouillant un chewing-gum à la fraise se mit soudain à hurler.

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