Vantablack 2

Blanche-Neige ~ Chapitre 2

Un matin, alors que Blanche brossait sa longue chevelure chocolat aux reflets roux en contemplant de ses yeux vairons son reflet dans le miroir de sa coiffeuse, elle entendit une série de claquements de talons hauts et fins de femmes  apprêtées résonner sur le sol du rez-de-chaussée.

La jeune fille, du haut de ses quatorze ans ne portait que rarement ce genre de souliers. Néanmoins, elle en appréciait assez le son pour arrêter de passer les longs picots en bois dans ses grosses boucles formées à l'aide de la chaleur afin d'écouter le doux bruit qui lui rappelait sa mère.

Avec surprise, elle remarqua que des éclats de voix féminins agrémentaient la mélodie créée par leurs chaussures de créateurs.

Soudain, le petit Stelyos ouvrit en grand la porte de sa chambre avant d'accourir auprès de sa sœur.

- Je t'ai déjà dit de frapper avant d'entrer, lui fit-elle remarquer en se retenant d'hausser le ton.

Effectivement, le décès de leur mère, par la suite couplée à la nouvelle condition de leur père qui les négligeait de plus en plus avait renforcé les liens entre les huit enfants.

Désormais, rares étaient leurs querelles et de plus, les plus grandes - soient Blanche et Éléonore - avaient naturellement pris la relève de la reine Xynthia sur plusieurs points vis-à-vis notamment des derniers de la fratrie.

Que ce soit au niveau d'un complément d'éducation initialement inculquée par leurs précepteurs ou tout simplement pour leur lire une histoire avant d'aller se coucher comme leur mère le faisait chaque soir...

Le vide laissé par la reine semblait impossible à combler et de plus, même le cadet s'était aperçu qu'en présence de sa successeure, son existence était complètement tabou.

Comme si les huit enfants avec qui elle partageait son superbe nouveau toit étaient apparus là par miracle, sans qu'une autre femme ne les ait mis au monde chacun leur tour.

Effectivement, Sloane d'Écosse s'avérait distante, froide avec ses beaux-enfants. Sans être ouvertement méchante avec eux pour autant, la fratrie tout entière ressentait cette forme d'animosité, de fatigue que ressentait cette superbe femme à l'idée de vivre avec ce lardon de Stelyos et ses sept grandes sœurs.

Pourtant, elle avait été mis au courant de leur existence, ainsi que de leur lieu de résidence avant de contracter mariage avec le grand roi.

Quoi qu'il en soit, Stelyos formula enfin la raison de sa venue à sa sœur aînée.

C'est alors que Blanche découvrit la cause de ces doux bruits.

Les copines de sa belle-mère étaient invitées pour la journée, mais ce n'était pas ce qui expliquait cette intrusion en trombe dans la chambre de Blanche.

- Elle nous interdit de descendre, l'informa le petit garçon.

En réponse, l'adolescente manqua de peu d'éclater de rire. Jamais leur mère ne leur avait demandé de ne pas sortir de leurs quartiers sous prétexte qu'elle recevait des invités.

Ni son père d'ailleurs.

Judicieusement, l'aînée proposa d'aller voir ce dernier, mais Stelyos fit non de la tête.

À la grande stupeur de sa sœur, il lui apprit que leur géniteur, probablement pour satisfaire sa nouvelle femme, approuvait le souhait de celle-ci.