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Judicaël menait la barque avec une fausse aisance.
Einar ne pipait mot, tout comme le chef de sa garde et le reste de la troupe.
Au fond de lui, le comte commençait à se méfier du garçonnet.
Celui-ci semblait suivre un plan précis, sans pour autant juger utile de le leur partager.
L'enfant de six ans ordonnait à son cheval de précautionneusement passer entre de gros arbres, avant d'être imité par des gardiens chevronnés.
Le parcours était cahoteux, difficile à suivre, bien loin du sol relativement lisse et à peine en descente qu'ils avaient emprunté la majeure partie du temps dans la forêt.
C'est alors qu'entre deux gros cèdres, une silhouette se détacha de l'ombre et s'approcha des lampes torches.
Avoie gardait les yeux braqués sur son complice, le visage dénué d'expression.
Elle n'aimait pas l'énergie qui se dégageait de l'escadron de Varde.
Ni le froncement de sourcils que simultanément, les hommes et leur chef effectuèrent.
Ça ne sentait pas bon dans les environs, l'air était chargé de tensions mais toutefois, l'assistante de la reine comme son petit protégé s'en tinrent aux instructions.
Reprenant sa douce voix d'enfant légèrement teintée de sa véritable féminité, Judicaël informa le parrain de celle que tous étaient venus ramenés au giron de son dernier parent digne de ce nom, qu'Avoie ne pouvait emmener avec elle que ce dernier.
Celui-là acquiesça, transmis quelques mots à son subalterne supérieur puis laissa l'unique femme prendre le pas.
Judicaël se tenait un tantinet en arrière, juste derrière sa bête.
La sombre femme marchait quant à elle à pieds, tranquillement, comme si elle ne menait pas là un traître auprès de l'ennemie principale de la reine.
Le plus difficile pour elle, c'était de se comporter de façon neutre.
Elle avait dans son dos un comte expérimenté, habitué aux serviteurs fourbes et dénués de scrupules...
Dans le cas où elle n'aurait pas été tant loyale envers la belle reine venue d'Écosse, Avoie aurait probablement averti de façon subliminale Einar qu'il courait là un grave danger...
Même mature pour son âge, Judicaël n'y aurait vu que du feu, si réellement elle s'était donnée la peine d'être discrète.
Là, la domestique s'était présentée comme une messagère, ici pour assurer la sécurité du trajet jusqu'à la grotte où était emprisonnée Éléonore.
La route se faisait dans un silence pesant, empli de méfiance, d'angoisse que le piège se referma du mauvais côté pour Avoie.
Celle-ci n'accordait pas sa confiance à ce sale enfant.
D'une part, de crainte qu'Einar découvre le pot aux roses pour Judicaël.
D'autre part, que l'issue vers laquelle on le menait n'aboutît pas à son objectif - pour le comte de Varde.
Effectivement, l'homme sentait le danger sans toutefois accepter de le regarder.
Trop obnubilé par son espoir de retrouver sa filleule, ce qui aurait en temps normal mis tous les sens du comte en alerte était en l'espèce placé sous le tapis.
C'est alors qu'enfin, il l'aperçut.
À défaut de voir devant lui l'enfant de douze ans aux longs cheveux noirs éclairés par deux émeraudes, ses propres pupilles rencontrèrent la surface rêche de la cavité dans laquelle a priori elle se trouvait.