Épona ~ Chapitre 2

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Couché dans son lit, l'agriculteur dormait d'un sommeil agité

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Couché dans son lit, l'agriculteur dormait d'un sommeil agité. Dans ses rêves, il revoyait la haute stature, la robe alezane brillante et lisse, la crinière souple ondulant au gré du vent, la démarche élégante et l'allure glorieuse de la jument. En pleurs et trempé de sueur, il se réveilla soudain.
Ouvrant grand ses paupières, attentif aux sons, il porta simultanément le regard sur l'ampoule basse consommation fixée au plafond.
À travers ses fenêtres aux volets clos, le fermier entendait distinctement la pluie battante frapper contre les meneaux. Soudain, un orage se mit à gronder - cela d'une manière aussi violente que le son brutal émit par une porte qui claque -, agressant les tympans d'Abriel.

 Soudain, un orage se mit à gronder - cela d'une manière aussi violente que le son brutal émit par une porte qui claque -, agressant les tympans d'Abriel

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Ce dernier sursauta dans son grand lit, subitement bien éveillé. Il l'était si bien qu'il se sentit l'énergie d'aller chercher en bas, dans la cuisine, de quoi calmer une petite faim nocturne qui venait tout à coup d'alerter ses sens.
Étirant ses bras musclés par le travail - manuel - de la terre, le jeune homme caressa machinalement son menton recouvert d'une barbe proprement entretenue avant de poser ses longs pieds sur le sol agréablement frais enduit de linoléum.
Baillant à s'en décrocher la mâchoire, il sortit de sa chambre en caleçon. Abriel traversa le couloir qui l'avait vu grandir avant d'atterrir en haut des marches de l'escalier qu'il emprunta mollement.

 Abriel traversa le couloir qui l'avait vu grandir avant d'atterrir en haut des marches de l'escalier qu'il emprunta mollement

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Non loin du champ de blé tendre, une crinière sombre émergea soudain de la tombe. Encore sous le choc causé par l'enterrement dont elle avait été victime, la jument cessa cependant de gémir de douleur : une vilaine bosse à la tête avait rendu son exhumation d'autant plus périlleuse, mais désormais, nul besoin qu'elle continuât de creuser un passage la ramenant à l'air libre...

 Encore sous le choc causé par l'enterrement dont elle avait été victime, la jument cessa cependant de gémir de douleur : une vilaine bosse à la tête avait rendu son exhumation d'autant plus périlleuse, mais désormais, nul besoin qu'elle continuât...

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À quatre pattes sur le sol trempé et boueux, elle resta une dizaine de secondes figée sur le sol, les pattes plantées dans la terre mouillée.
Enfin, quelques instants plus tard, la voilà galopant à travers champs jusqu'à, in fine - en bonne pouliche docile - atteindre l'écurie.
Demain au plus tard, son maître découvrirait quelle stupide erreur il avait commise.

Une fois arrivé à destination, l'exploitant agricole tira des placards une miche de pain, un pot de confiture et une plaquette de beurre, qu'il jeta sur la table trônant au centre de la pièce, avant de traiter de la même manière un couteau et une petite cuillère.
Là-dessus, le jeune homme commença la préparation de son petit-déjeuner nuiteux : tranchant plusieurs morceaux de pain, il entreprit de les beurrer un à un. Enfin, il étala sur chacun d'eux une épaisse couche de confiture de cerises griottes.
Néanmoins, au lieu de démarrer le remplissage de son estomac, le jeune homme se dirigea vers une toute petite pièce presque cachée sous les escaliers qu'il venait d'emprunter.
En effet, cette fois-ci, ce n'était pas sa poche stomacale mais sa vessie qui réclamait son attention. Après ça, il retourna auprès de ses tranches de pain surchargées de garniture.
Son estomac gargouillant férocement, il saisit la première de la série entre ses doigts.
Soudain, instinctivement, Abriel leva la tête. À la fois saisi d'un bonheur ineffable et d'une terreur indicible, il laissa tomber la tartine sur la table en bois, la bouche déjà ouverte, prête à y plonger les dents.
À l'entrée de la cuisine, une femme paraissant tout droit sortie d'un cimetière le dévisageait, une profonde expression de haine et de colère déformant ses traits harmonieux.
Sous la terre dont son visage avait été souillé - mais qu'elle avait manuellement retirée - son teint blafard démontrait l'intense fatigue que son corps mince affrontait. La femme fit un pas : avec regret, Abriel constata que sa longue chevelure acajou ne brillait plus de mille feux. La boue séchée ternissait leur éclat, en plus de les figer dans une coiffure grotesque. Parsemées ça et là de particules noirâtres plus ou moins épaisses, ses mèches habituellement soyeuses ressemblaient dorénavant à un masse de poils rêches et emmêlés informe et crasseuse.
Le fermier se leva, mourant d'envie d'enlacer Épona. Cette dernière étira ses lèvres en un rictus mauvais, narquois et vengeur, avant d'abattre sur cette boîte crânienne protégeant la folie même cette même pelle qui avait bien failli lui coûter la vie.

~ FIN ~

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