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Eudoxie et Panpan restèrent figés de stupeur pendant un long moment.
Au beau milieu de ce sombre instant, elle crut percevoir au loin, plus en hauteur sur les côtes de Varde, le doux bruit d'une bande de sabots tapant le sol en direction du château.
Néanmoins, après l'avoir fait remarquer à son compagnon d'infortune, elle comme le lapin n'en virent aucun.
Lorsqu'ils reprirent la pleine conscience de leur situation, le désormais duo ne sut par où commencer.
Courir auprès du parrain d'Éléonore, afin que celui-ci lance des hommes à la recherche des deux petites filles enlevées ?
Ou bien se charger eux-mêmes de cette besogne, au risque que l'être les ayant raptés ne porte atteinte à leurs vies - à celles des fillettes comme à celles du lagomorphe et de son acolyte ?
La deuxième possibilité leur ferait gagner un temps précieux.
Toutefois, par sécurité ne valait-il pas mieux que des chevaliers formés et entraînés pour effectuer ce genre de tâches ne s'en chargent ?
Contrairement à Eudoxie et Panpan, ceux-là seraient à coup sûr bien plus rapides et bien plus efficaces.
À l'inverse d'un lapin de garenne et d'une pré-adolescente, les gardiens du comté de Varde étaient capables de prendre la vie d'un criminel...
Sur ces paroles, l'enfant qui en était psychologiquement de moins en moins une, soutenue par son tout petit ami reprirent leur route comme si Carméla et Yuka se trouvaient toujours auprès d'elle.
À savoir, en courant en direction du château.
Mais en évitant de regarder en arrière cette fois-ci.
Cependant, il est vrai que le traumatisme faisait déjà effet.
La sœur de Blanche se sentait épiée dans son dos, son esprit imaginant que dans le noir, une bête féroce et meurtrière s'apprêtait à lui bondir dessus.
Selon lui, à l'instar de l'homme portant une bague en or à l'auriculaire gauche, Eudoxie se verrait appliquer une lame tranchante et effilée tout contre sa trachée.
La jeune fille frissonna soudain, peut-être de froid, ou bien également de terreur à l'idée que cette scène se produise matériellement.
Elle jeta un regard en coin et se sentit alors nettement rassurée.
Panpan galopait tel un Arabe sorti de son enclos.
Ses yeux noisette étaient fixés droit devant lui, l'air déterminé.
Il fallait à tout prix qu'ils parviennent jusqu'au château.
Tout comme Eudoxie, le lapin des bois essayait d'ignorer l'alarme de son cerveau lui rappelant que le kidnappeur des deux sœurs n'était sûrement pas le seul individu mal intentionné des environs.
Malgré cela, garder l'effroi au premier plan, rester inactif et attendre qu'un criminel en manque d'argent vienne les cueillir était de loin le choix le plus stupide à faire...
Mieux valait trouver un abri, ce qu'ils gagneraient simultanément en tentant d'apporter leur aide indirecte à leurs deux petites.
L'effort commença à faire suer Eudoxie, et ce en dépit du peu de degré que comportait l'air ambiant.
Enfin, leur persévérance porta ses fruits.
Postés devant les portes du château, de l'autre côté du pont levé, une troupe d'hommes vêtus d'une armure gardait la haute stature de pierre.
