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Tandis que Maléna et Fany se goinfraient de viande de cheval séchée, Éléonore jouait avec la lourde épée que malgré lui, Neven lui avait légué.
Fort étrangement, elle ressentait une forme de pitié pour celui-là.
Actuellement, la calèche allait bon train, bien que seul un cheval la tirait désormais.
Fany était presque désolée d'avoir dû abattre son compagnon de travail.
Toutefois, sans cela il aurait été compliqué d'attaquer discrètement le ravisseur d'Éléonore.
Et donc de la libérer.
Et évidemment, de se débarrasser d'un détestable tueur à gages, à la solde d'une reine se plaisant à amplifier les vices déjà trop présents au sein de la Décharge.
Il était curieux que Maléna Ciarati et sa grande sœur demeuraient toujours dans cette déchèterie.
À croire qu'elles avaient bien plus qu'un simple intérêt financier à y demeurer.
Après tout, depuis le temps qu'elles livraient voire neutralisaient des malfaiteurs, nul doute qu'elles disposaient de suffisamment de fonds pour s'en aller et démarrer une nouvelle activité.
De surcroît, comme Fany l'avait signalé à un Judicaël haut comme trois pommes, être de sexe féminin, en ce lieu maudit, amplifiait d'autant plus la dangerosité qui planait au-dessus de la tête de chacun de ses habitants.
En effet, résider au sein de la Décharge signifiait vivre continuellement avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête.
L'unique moyen sûr d'y échapper était de s'en éloigner le plus possible, de quitter le duché renié voire même le royaume tout entier.
Toutefois, ce péril ne semblait pas inquiéter plus que ça Maléna et Fany.
Cette dernière invita alors une énième fois Éléonore à se nourrir.
Elle buvait, avait accepté de vider son corps de ses déchets nécessitant une expulsion quotidienne.
Néanmoins, il était difficile de lui faire avaler quoi que ce soit de solide.
Heureusement, les villages ne manquaient pas dans les parages.
Avant de se rendre auprès d'Alistair, l'un des rares fidèles encore en vie de l'ancienne reine, les sœurs passeraient sûrement y faire un tour.
Effectivement, l'adolescente avait manifestement besoin de chaleur, d'un bon bain mais surtout d'un bon lit précédé d'un vrai repas.
Pour cela, rien de mieux qu'un séjour dans une auberge.
Là où un Mathieu plus radin aurait tout bonnement séquestré les habitants d'un chalet coquet, les deux femmes préféraient de loin la légalité.
En pareilles circonstances, il était fréquent de se faire prendre à son propre jeu...
Les petits vieux, les petites vieilles, les jeunes femmes et parfois même les enfants avaient maintes fois prouvé à des Neven nettement moins futés et chevronnés qu'il n'y a pire eau que celle qui dort.
De ce fait, Fany dirigea le beau cheval à la robe noire en direction d'un village situé à une vingtaine de minutes de là.
Relativement calme et prospère, bien loin de son analogue visité récemment par Gavras d'où d'ailleurs provenait cette calèche, la destination à venir conviendrait normalement parfaitement à la mission en cours.
Mâchonnant de l'équidé mort et trop salé aux côtés d'une Éléonore proche de l'autophagie, Maléna espérait bien que sa sœur visait juste.
