Marchant quelques dizaines de centimètres derrière Neven et sa lame dont la pointe frottait doucement le sol, seule source de bruit en plus de leur progression dans les bois, Éléonore et le bambin bourgeois attendaient avec impatience qu'il leur intime de s'arrêter pour qu'ils puissent s'occuper de leurs besoins vitaux.
Avec horreur, l'adolescente se questionna quant au fait qu'elle serait peut-être obligée de lui demander de se retourner...
Enfin, Neven parut trouver l'endroit suffisamment isolé pour leur ordonner de se dépêcher.
Non sans abattre violemment un coup d'épée par-terre, il précisa qu'il s'éloignerait mais reviendrait au moindre bruit suspect.
C'était déjà ça.
Comme la grande sœur habituée à s'occuper de plus jeunes qu'elle se trouvait être, Éléonore attrapa la main du bambin qui semblait sur le point d'éclater en sanglots.
- Tu t'appelles comment ? l'interrogea-t-elle.
Pour le mettre en confiance, elle s'adressait à lui avec une voix douce et un léger sourire qu'elle espérait rassurant, malgré les circonstances.
Avec surprise mais surtout avec soulagement, elle observa les lèvres du garçon étirer ses joues gonflées, qui dévoilèrent au passage une profonde fossette, et lui répondre :
- Éloy.
Ouf, il savait parler.
En tout cas, il savait dire son prénom et comprenait ce qu'elle lui racontait.
D'une voix assez forte pour que Neven ne la soupçonne pas de préparer une évasion, elle lui indiqua comment les choses allaient se dérouler.
Il ferait pipi - ou autres - en premier, s'essuierait avec les feuilles qu'elle lui dégoterait puis suivra les instructions qu'elle lui indiquerait alors.
Nul besoin de lui annoncer qu'elle prévoyait de le laisser quelques instants seul avec Neven le temps qu'elle-même s'occupe de vider sa propre vessie.
Tout ceci se passa comme prévu, elle aida l'enfant encore trop jeune pour être autonome à se rhabiller puis le ramena auprès de l'assassin.
Habitué à se laver les mains après pareille opération, il fut dans un premier temps bien trop préoccupé par ses mains qu'il trouvait affreusement souillées que par la seule compagnie d'un meurtrier.
Quant à Éléonore, le grand blond au regard sombre mais clair lui signala de nouveau que sa conscience avait plutôt intérêt à ce qu'elle n'essaye pas de s'échapper ou de crier dans le but de réclamer de l'aide...
Elle s'exécuta donc avec obéissance avant de retrouver Éloy et le second individu.
La main posée sur le pommeau de son épée volée, il la fusilla du regard jusqu'à ce qu'elle et l'enfant aient repris place devant lui.
Le froid et corollairement l'envie de se réchauffer auprès d'un bon feu accéléra leur allure, en comparaison du trajet aller.
Avec pareille température et au vu des derniers événements Éléonore doutait de réussir à fermer l'œil de la nuit.
D'autant plus quand elle se rappelait que moins de vingt-quatre heures plus tôt, elle vivait encore dans un confortable château où nulle pièce hormis les frigos n'étaient exemptes de chaleur.
Elle ellipsa la vue d'un Géryon encore vif malgré son grand âge et joyeux, Blanche retrouvant Panpan et la tribu tout entière se promenant dans les bois.
Assise tout contre Éloy, la princesse déchue pleura à chaudes larmes.
Si seulement son parrain qui vivait non loin aux abords des bois savait ce qui lui était arrivé.
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Vantablack 2
HorrorRecueil d'histoires sombres inspirées de : - contes - faits divers - légendes urbaines - mythes.