Vantablack 2

Némésis ~ Chapitre 2

C'est Clarisse en personne qui ouvrit la porte. Surprise, elle demanda au petit frère de son mari, bientôt rejoint par sa femme Diane ce qui les amenait ici d'autant plus à une heure pareille.

Un chien aboya dans le dos de la femme aux cheveux orange, comme en signe d'approbation des dires de sa maîtresse.

Le border collie noir et blanc se glissa contre les jambes de Clarisse avant de japper à l'attention de la famille par alliance de cette dernière.

Édouard et Diane, bien que visiblement tendus demandèrent sur un ton presque aimable à la dame de maison de bien les laisser entrer.

Ce qu'elle fit. Après tout, ils faisaient partie de leur famille.

Clarisse savait que les deux adultes qui s'assirent lentement sur les chaises en bois de sa salle à manger pensaient qu'elle et son mari étaient responsables de la disparition de leur petit Nicodème.

C'était faux, bien entendu : Hugues et son épouse adoraient ce petit, bien que parfois fort pénible, quand il le voulait.

Mais il avait un bon fond leur neveu, juste un petit peu stupide quand l'envie lui prenait. Prenez par exemple sa mauvaise manie de plonger tête baissée dans les épais buissons lors des promenades en forêt, bien sûr sans prévenir personne.

Ou encore, la sale habitude qu'il avait eu quasi chaque jour passé chez eux lors de ce maudit été, où plusieurs fois dans le même après-midi ou la même matinée, le galopin se faufilait dans les jardins des voisins afin de jouer l'explorateur.

Ses cousins heureusement n'avaient pas été influencés par ce sale comportement, sinon qui sait ce qui aurait bien pu leur arriver...

D'après Clarisse, le gamin s'était simplement perdu, avait croisé la mauvaise personne au mauvais endroit au mauvais moment et... Dieu sait ce qui lui était arrivé.

Toutefois, il est vrai que si ses oncle et tante se sont relativement bien remis de la perte probablement définitive du garnement, il n'en était évidemment certainement pas le cas pour les deux parents de ce fils unique.

L'absence de Nicodème noircissait chaque seconde de leur existence. Sans leur petit garçon, impossible pour cette mère et ce père endeuillés de reprendre goût à la vie.

Subitement, des pas lourdauds, ceux d'un homme allergique à l'activité physique et grand amateur de soirées passées à engloutir toute une flopée de de canettes de bière devant un match de foot, se firent entendre.

- Hugues est déjà réveillé, remarqua la femme de ce dernier avec étonnement.

En temps normal, l'oncle de Nicodème ne se levait qu'à l'aube de l'heure du déjeuner, pas au lever du soleil.

Avec une surprise teintée d'une joie que ni son frère ni sa belle-sœur ne surent interpréter - était-elle factice ou bien réelle ? - le père de famille salua ses invités avant de reprocher à sa femme de ne leur avoir rien proposé à boire ni à manger.

Attablés quelques instants plus tard tous les quatre autour d'un café corsé, sous l'œil curieux d'un border collie répondant au doux nom de Nesquik allongé dans l'un des coins encore frais de la pièce, la mise au point pu démarrer.