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La nuit était déjà tombée lorsque Halfdan, au volant de sa Chevrolet Captiva, entra définitivement dans le plus petit hameau de la commune de Svartland. Cette petite agglomération de maisons anciennes nommée Ásleikr avait vu grandir la femme de celui.-ci, Annika, jusqu'à ce que les études d'économie qu'elle débuta, suivies peu après par une brillante carrière de banquière, ne l'en tinrent éloignée durant une vingtaine d'années.
Aujourd'hui âgée de quarante-et-un ans, mariée avec deux enfants, elle retournait sur la terre de ses aïeux suite au décès prématuré de sa mère, survenu quelques mois auparavant.
En effet, leur quotidien de citadins stressés à Vadsø les avait poussés, elle, son mari et leurs deux filles, Olina et Maja à choisir ce lieu comme maison de vacances. Pas de nouveau pays ni même de retour à une région déjà visitée cet été : ce trou perdu au fin fond de la campagne était ce qu'ils auraient pu trouver de mieux si l'envie de louer un bungalow les aurait tentés.
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Les filles somnolaient, tandis que leurs parents discutaient déjà de l'organisation à venir.
On ferait un petit ménage le lendemain : a priori, le gros avait déjà été effectué suite à la visite planifiée trois jours avant leur arrivée d'une femme de ménages engagée par le couple.
Halfdan, guidé par sa femme, repéra bientôt la demeure ancestrale. Haute, construite en briques et immense comme celles qui l'entouraient, elle était également dotée d'un gigantesque terrain recouvert d'une herbe qui aurait bien besoin d'un coup de tondeuse.
Le ronronnement de la Chevrolet s'arrêta tout près de la porte d'entrée. Ses quatre portières s'ouvrirent toutes quasiment dans un même mouvement puis, mi-nostalgique mi-troublée, Annika sortit un trousseau de clés de son sac à main avant d'en insérer une dans la serrure de la porte d'entrée.
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L'ouverture en bois découvrit un long couloir dans un long grincement. Les filles – dont l'une portant dans ses bras un adorable chat un peu trop gras - entrèrent les premières, Halfdan ferma la marche et se chargea de verrouiller la maison de campagne.
Pour aller vite, la petite famille prépara des sandwichs pour le repas. On mangea silencieusement, chacun partit se doucher puis, quelques heures plus tard, tous quatre dormaient à poings fermés.
Au petit matin, Olina assise sur une chaise de la table à manger, occupée à dévorer une tranche épaisse de brioche recouverte de pâte à tartiner Nocciolata osa poser la fameuse question à sa mère.
Du haut de ses dix ans, elle avait compris sans pouvoir se l'expliquer que la cause de la mort de sa grand-mère n'était pas inconnue – comme sa génitrice l'avait prétendu, à elle et à sa grande sœur – mais cachée.
Les yeux brun chocolat cerclés de cernes noirs d'Annika se posèrent sur les pupilles de sa fille. S'asseyant juste à côté d'elle, elle la contempla quelques secondes, peu de temps mais assez pour que Tails – leur british short hair – bondisse sur ses cuisses.
Poussant un soupir, une main sur l'anse d'un tasse de thé à la menthe fumante et l'autre dans la fourrure soyeuse de son chat, Annika comprit que sa plus jeune fille était en capacité de connaître les grandes lignes de ce qui s'était passé dans ce même foyer où elle prenait son petit-déjeuner.
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