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En réponse, Annika cria le prénom de sa dernière fille. Qui ne lui répondit pas. Entrant en trombe dans sa chambre, elle tomba nez à nez face à un homme dégageant une exhalaison fétide. Annika hurla à s'en décrocher la mâchoire avant d'abattre son poing contre l'interrupteur de l'ampoule principale de la chambre.
Elle regretta presque aussitôt son geste. Les braillements d'Olina en fond mettaient en scène la présence monstrueuse d'un homme vraisemblablement revenue d'entre les morts. Son faciès en décomposition la dévisageait à travers ses yeux pourris, autrefois décorés de prunelles brunes découvrant des reflets dorés lors des journées d'été.
La puanteur effroyable de la dépouille de son demi-frère lui souleva l'estomac. Annika expulsa de son estomac le repas avalé, qui baignait dans une infusion de camomille. La giclée nauséabonde éclaboussa le corps putride de l'ancien pupille.
Poussant un grognement, ses mains en décomposition attrapèrent la gorge d'Annika avant que ce qui restait de sa dentition ne vienne se planter dans son épaule grasse. Une seconde plus tard, il croqua violemment sa chair avant d'en extraire la viande. Mâchonnant la première bouchée de son repas qui manqua de se casser la voix tant elle s'époumonait, il agrandit subitement en longueur et en largeur sa bouche tel Monkey D. Luffy avant d'engloutir la veuve tout entière.
Sous le choc, Olina cessa d'hurler. Désormais seule dans cette maison avec pour seule compagnie un chat disparu et un draugr meurtrier, elle pensa pour la première fois de sa vie que celle-ci était finie. Des larmes de tristesse et de désespoir coulèrent le long de ses joues, tandis que le monstre à la tête effroyablement disproportionnée mâchait les restes de sa mère.
La petite fille percevait le craquement de ses os se briser, voyait tomber au sol les fluides corporels sortant de la cavité buccale du zombie s'écouler sur la parquet. En un instant, le crâne de la chose reprit une taille humaine. Lentement, le corps décédé du demi-oncle d'Olina se tourna vers elle, assise dans son lit, une simple couverture la protégeant.
La pré-adolescente pressentait avec une terreur et un dégoût profonds que sa puanteur, même si elle avait pu s'échapper, l'auraient hantée à jamais. Fermant ses paupières, elle entendit distinctement chaque pas effectué par la créature la rapprochant inexorablement de sa propre mort.
Olina frissonna lorsque le souffle chaud et pestilentiel fouetta ses narines. À quelques centimètres de son visage, la figure affreuse de son demi-oncle lui faisait face. Accroupi, ce qui avait été un homme se releva tout doucement, puis, ignorant les sanglots de l'orpheline, les jambes grignotées par les vers se retournèrent afin que le coccyx du cadavre put se poser sur les petites cuisses.
En réponse, Olina frissonna de la tête aux pieds. Les yeux toujours clos, elle s'endormit pour toujours en une fraction de seconde. Frappant vélocement dans ses veines jugulaires encore en pleine croissance, l'orphelin, abandonné à la naissance par sa génitrice et né de père inconnu, supprima le dernier membre notoire de ce qui avait été sa famille maternelle.
