Florian faisait les cent pas dans sa cellule depuis maintenant plusieurs heures. Bientôt, il récupèrerait les haltères placées contre le mur, dans un recoin de la pièce. Sa séance faite, il prendrait ensuite une douche glacée, avant de nourrir son corps du contenu des boîtes de conserve qu'il lui restait.
Voilà déjà presque quarante jour que son isolement sécurisé avait démarré. L'homme, revenant d'un séjour en Amazonie, avait retrouvé le sol de sa Belgique natale non sans apporter avec lui quelque virus inconnu et hautement contagieux.
Vomissements, toux grasse, urticaire et fatigue extrême étaient les principaux symptômes déclenchés par son mal. L'inquiétude des médecins bruxellois étaient telle qu'ils avaient insisté pour qu'il se fasse examiner par divers spécialistes avant de rentrer chez lui.
Le diagnostic fut sans appel : on ignorait le virus qui l'avait contaminé. Après le prélèvement de la souche virale, il avait été décidé qu'il serait placé en quarantaine.
Pendant qu'on étudiait la cause de sa maladie, Florian vivait donc dans une petite cellule aux murs entièrement blancs, celle-ci disposant de tout le confort minimum.
Il avait à sa disposition de quoi faire du sport, lire et bien sûr de quoi se nourrir. En tout cas, pendant quarante jours. L'homme n'avait depuis plus aucun contact avec l'extérieur.
Malade comme un cheval lors de son emménagement, il n'avait pas été en état de leur réclamer un téléphone.
Sa famille devait se faire un sang d'encre. Tout comme Greg, son ami d'enfance avec qui il avait visité cette contrée forestière.
D'ailleurs, si la mémoire de Florian était bonne, Gregory avait lui aussi été contaminé. Peut-être avait-il fini par guérir, tout comme lui ? Ou bien alors...
Cette dernière pensée le fit frissonner. Non, Greg ne pouvait pas être mort. À l'instar de son compagnon de voyage, il avait probablement été placé en quarantaine afin d'éloigner le risque de créer une nouvelle épidémie.
Cette idée rassura Florian de façon si intense qu'il s'y accrocha les jours qui suivirent. C'est alors qu'il cru comprendre qu'il n'avait pas correctement coché le nombre de cases de son calendrier improvisé – une page de cahier de brouillon à grands carreaux.
En effet, le quarantième jour, il veilla jour et nuit, attendant avec impatience la venue des médecins. Sa libération ne venant pas le jour J, il patienta non sans frustration les jours qui suivirent.
Quarante-quatre, quarante-cinq... Ses réserves de nourriture presque épuisée, Florian se résolut à ne manger plus qu'un repas par jour.
Le cinquantième jour, il se jeta sur la porte d'accès en se mettant à hurler pour réclamer quelqu'un. Il quitta sa tentative après s'être blessé les deux mains à force de frapper contre la porte en béton peinte en blanc, désormais colorée par petites touches de sang.
En pleurs, désespéré et en gros manque de contact social, Florian comprit que c'était la fin. Le soixante-dixième jour, lorsque l'équipe médicale – grâce à une surveillance pointilleuse de l'air de la pièce – eut la certitude que le jeune homme était désormais guéri, ils frappèrent doucement à la porte avant de la déverrouiller.
Le virus ayant provoqué rapidement de nombreuses et parfois violentes morts prématurées, il avait été décidé que dorénavant, seuls les patients complètement guéris ne seraient autorisés à rejoindre la vie en communauté.
Hélas, Florian ayant été le premier malade, il n'avait pu être averti que la quarantaine imposée s'étendait parfois jusqu'à une centaine de jours.
Le visage violet tordu sur sa nuque brisée, il avait pendu son petit corps obèse à l'aide d'un drap accroché autour du relief de la porte de l'armoire.
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Vantablack 2
HorrorRecueil d'histoires sombres inspirées de : - contes - faits divers - légendes urbaines - mythes.