Le temps passait lentement.
Heureusement pour Éléonore qu'auprès d'elle se trouvait son chien.
Car sans lui, comment aurait-elle pu deviner que Mathieu constituait un réel danger ?
L'animal ne cessait de grogner sous le regard amusé du hors-la-loi.
Pourquoi donc manifestait-il soudain cet élan de rage, d'agressivité ?
D'autant plus qu'au vu de leur situation, il valait mieux pour Géryon de chosir entre l'attaquer puis fuir avec sa maîtresse, ou alors de se taire en se faisant tout petit afin de ne pas éveiller la suspicion comme la colère de l'homme.
Les cheveux châtain clair de Mathieu remuèrent doucement sous l'effet d'un léger coup de vent.
Soudain, le chien se retourna d'un mouvement brusque.
- Géryon ? l'interpella l'air inquiet sa maîtresse.
Le dogue allemand l'ignora.
C'est alors qu'il tourna sa tête avant de finalement faire son choix.
En une seconde, il bondit en avant, puis se retrouva les pattes antérieures sur l'épaule de Mathieu et la gueule béante et dégoulinante de bave puante à quelques millimètres à peine de son nez droit et fin.
Pris de court, l'homme aux yeux effilés repoussa la bête des deux mains, mais pour Éléonore la voie était libre.
Elle connaissait suffisamment bien son canidé pour être apte à interpréter correctement ses agissements.
Inutile de l'attendre, son flair hors pair la retrouverait.
D'ici là, la seconde des enfants de la reine Xynthia n'avait qu'une chose à faire : courir le plus loin, et donc également le plus vite qu'elle le pouvait.
Ignorant les brûlures de plus en plus intenses qui chauffaient dans ses poumons peu entraînés à une course de fond, la jeune fille balançait ses jambes minces sans regarder en arrière.
« Pourvu que j'ai le temps de me cacher » pensait-elle avec force.
Effectivement, elle ne doutait pas que l'homme au carrosse ne se dépêche de lancer sa voiture à l'attelage féroce dans sa direction.
Un seul moyen aurait permis d'éviter cela : qu'elle empêche Mathieu de donner des ordres aux chevaux.
Dit en d'autres termes, Éléonore aurait dû jeter son rapteur par-dessus bord avant de s'enfuir...
Avec le carrosse.
Elle comprit alors, subitement.
En treize ans d'existence jamais cette fille douée d'une vive intelligence ne s'en était sentie autant dépourvue.
Géryon n'avait pas souhaité qu'elle s'enfuie, mais qu'elle l'aide à éjecter l'individu de la voiture de façon à ce qu'ils puissent tous deux revenir sur leurs pas et retrouver les autres.
Éléonore se sentait incroyablement stupide.
Déçue d'elle-même, elle s'apprêtait à retourner en arrière lorsque les sabots furibonds des équidés remirent ses sens en alerte.
Il arrivait.
Mathieu.
De ce fait, elle en déduisit à raison que Géryon avait perdu son combat.
Par sa faute.
Si seulement elle avait compris plus tôt.
Inutile de courir, elle avait besoin d'économiser son énergie afin de réussir sa prochaine tentative d'évasion qui, elle l'espérait, serait elle couronnée de succès.
Enfin, l'homme aux cheveux châtain clair subtilement ondulés parvint à sa hauteur.
Avec horreur, Éléonore découvrit le corps sans vie de son fidèle compagnon étendu à l'arrière de la voiture le cou tordu, le crâne éclaté, mort.
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Vantablack 2
TerrorRecueil d'histoires sombres inspirées de : - contes - faits divers - légendes urbaines - mythes.