C'était Géryon qui avait retrouvé la petite Blanche.
Inquiète quant à la potentielle mésaventure de sa fille aînée, la reine avait saisi sa seconde dans ses bras avant de courir au château chercher le chien de garde.
Faisant renifler un doudou que la fillette lui avait laissé un instant plus tôt, le toutou avait été capable de retrouver rapidement la piste de la fugueuse.
Dans un premier temps, lorsqu'elle avait découvert son chien aboyant à l'orée d'un terrier de lapins, la reine Xynthia - qui avait entre-temps déposé Éléonore au château - avait à tort pensé que l'animal avait interrompu sa traque pour se mettre à chasser le gibier...
Jusqu'à ce que la fillette disparue temporairement en ressorte toute penaude.
Évidemment, lorsqu'elle avait conté à sa mère le fait que des lapins de garenne l'avaient protégée, cette dernière avait considéré ses propos comme des fantasmes d'enfants, courants à cet âge.
Néanmoins, il est vrai que par la suite, lors de diverses promenades, elle avait surpris Blanche puis Éléonore, et même au bout d'un moment chacun des autres de ses enfants s'entretenir à voix basse avec un écureuil, lapin ou autre petit ours ordinairement à éviter...
Alors qu'elle imposait systématiquement à des gardes d'emmener la fratrie se promener en forêt avec Géryon comme garant supplémentaire de leur sécurité, à chaque sortie sans exception la petite troupe - grand chien gris compris - parvenait à échapper à la vigilance de ces hommes, là pour assurer leur protection.
La plupart du temps, on les retrouvait au bout de plusieurs heures de battue, tous couverts de terre telle Blanche lors de sa première entrevue avec le terrier d'Alvine et Panpan, se promenant l'air de rien.
Repensant rapidement à ce souvenir avec nostalgie, celle-ci surprit avec joie le doux bruit des pattes du lapin gris et blanc taper deux fois avec force contre le sol terreux.
Après quoi, sa petite bouille de lagomorphe effleura les mèches brunes aux reflets cuivrés pendouillant autour du visage blafard de Blanche.
- Panpan ! s'exclama-t-elle un brin sottement.
Le lapin la tira par le bras droit comme ils en avaient l'habitude, puis fit de même avec chacun de ses frère et sœurs.
Sauf pour l'une d'entre eux.
Effectivement, pour une raison obscure, la belle Éléonore manquait à l'appel, tout comme Géryon.
- Quelqu'un sait où ils sont partis ? s'enquit Blanche, mi-inquiète mi-énervée.
Elle espérait pour eux qu'ils n'avaient fait que suivre une piste quelconque pour une raison qui, pour le moment échappait à l'aînée des huit enfants.
Soudain, Stelyos prit la parole :
- Je l'ai entendue derrière moi en train d'essayer de crier en entrant ici, expliqua-t-il sans se douter de la portée de ce qu'il racontait.
Blanche devint livide.
- Quoi d'autre ? l'interrogea-t-elle posément en détachant chaque syllabe. Et Géryon ?
Le petit se creusa la tête, hélas peu pleine, quelques instants, sous les yeux horrifiés de ses six sœurs et de Panpan.
Au moment où il ouvrit la bouche pour répondre, une explosion phénoménale provoqua une bourrasque dont la moindre conséquence fut d'enduire tout ce petit monde protégé à l'entrée d'une épaisse couche de poussière.