Au bout d'un moment, Aymeric fut bien obligé de retourner à l'entrée de sa maison. Passant une main distraite dans sa chevelure blonde et soyeuse, il marcha volontairement d'un pas lent jusqu'à la porte, qu'il ouvrit brusquement dans le but d'effrayer légèrement les enfants.
À sa grande surprise, une bande hétéroclite de monstres, composée d'un vampire, d'une sorcière, du Grinch et de Gripsou le clown lui jetèrent la fameuse phrase d'une voix chantante.
Tout sourire, le père de famille remplit généreusement chacun de leurs seaux de plage avant qu'ils ne prennent congé dans de grandes exclamations joyeuses. Ceux-ci avaient un comportement normal, rien à voir avec les trois fantômes glauques qu'il espérait bien ne plus jamais revoir.
Le reste de la soirée se passa de la même manière. Des enfants sonnaient, le menaçaient s'il refusait de contribuer à l'entretien de leurs caries, et enfin, Aymeric leur faisait don d'une quantité de sucre simple bien supérieure à ce qu'ils étaient chacun supposés avaler en une seule journée.
Quinze minutes après le dernier passage – une maman toute jeune déguisée en sorcière gothique trimbalant une mini Wednesday - il commença à se faire du souci. Ses deux fils, à peu de choses près obéissants, rentraient habituellement toujours à l'heure.
Or, cela faisait plus d'une heure que leur père les attendait. D'abord agacé, il éprouvait depuis un mélange de colère et d'anxiété. Multipliant les appels, il tombait à chaque fois sur leur répondeur. De la même façon, ses messages écrits restaient systématiquement sans réponse.
Aymeric prit alors le risque qu'ils rentrent et trouvent leur maison fermée à clé. Dans le pire des cas, Jeffrey et Sasha iraient se réchauffer chez un voisin en attendant que leur père revienne – après tout ils n'avaient qu'à rentrer à l'heure.
Saisissant les clés de sa BMW M8 sur le petit crochet à côté de la porte d'entrée, Aymeric jeta un manteau sur son dos, passa des chaussures à ses pieds puis sortit dans le froid hivernal.
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La maison verrouillée, il fit l'opération inverse à son coupé vert métallisé qui, en réponse, illumina les alentours durant une fraction de seconde.
Bien installé devant le volant, il passa machinalement une main dans ses cheveux avant de démarrer le moteur.
Une fois sur la route, Aymeric roula mollement, les feux de route allumés. Il balaya du regard l'ensemble de ces petits pavillons joliment décorés pour l'occasion, toutes dotées d'un jardin d'entrée bien entretenu et agrémenté d'une ou deux grosses berlines – ou d'un 4×4 pour ceux ayant des goûts douteux.
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En temps normal, il tenait en horreur le fait de conduire dans le calme : ce soir cependant, allumer la radio ou mettre de la musique ne lui vint même pas à l'esprit.
Arrivé au bout de l'ensemble pavillonnaire, il fit demi-tour au rond-point annonçant son issue. Repassant devant sa maison, il sentit son taux de cortisol monter en flèche lorsqu'il observa de nouveau l'absence de ses deux garçons sur le perron.
Aymeric roula encore et encore en scrutant de tous les côtés les moindres recoins de son quartier.
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Sans crier gare, trois petits fantômes posèrent leurs jambes en mouvement sur la chaussée. Même en avançant aussi doucement, le véhicule n'eut pas le temps de s'arrêter avant de les cogner.
