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Il fallait prendre soin de la marchandise, le voleur de biens comme de personnes le savait bien.
De ce fait, il s'était abstenu de ramener l'objet de haute valeur qu'il détenait en la trainant par les cheveux.
À la place, la belle Éléonore - quelque peu essoufflée - n'avait qu'été tirée par les bras.
Ses poignets minces étaient a cet instant liés par une corde nouée en un nœud coulant.
C'était pour la jeune fille comme une menace, cette reconnaissable forme que Mathieu avait donné à son carcan.
Elle y voyait là un avertissement de mise à mort, d'autant plus que son rapteur lui avait adressé un sourire en coin au moment de lui entraver les mains.
Ses yeux biseautés tel un asiatique de l'Est se tournaient parfois vers elle.
La voiture avait été remise à sa place, en attendant Neven.
C'est alors qu'en pensant au loup, celui-ci en montra la queue.
Désormais dépourvue de couvertures, la voiture grand luxe menée par deux belles bêtes aux noms nordiques se précipitait vers eux.
- Enfin, marmonna Mathieu l'air triomphant.
Son habituel sourire en coin, discret et la bouche fermée marquait sa joie.
Il y voyait là un moyen bien plus pratique, rapide et donc efficace de mener à bien leur mission.
Vendre la plus belle des six filles d'Helori V, qui plus est l'aînée.
Qui pouvait avoir les moyens d'acheter pareil trésor ?
La future - si Sloane d'Écosse n'était pas intervenue - reine de Scandinavie serait très prochainement mise aux enchères.
Car une si belle pièce, ça ne se marchandait pas sur un stand à peine abrité par le soleil ou la pluie.
L'affaire était dangereuse, mais la Décharge d'autant plus.
Là-bas, le roi et sa nouvelle reine, tout comme les petits princes et princesses n'étaient guère aimés.
La Décharge faisait en effet partie intégrante du royaume, néanmoins elle était depuis des décennies totalement négligée.
Initialement, on y envoyait les condamnés à mort, les hors-la-loi irrécupérables comme des violeurs ou des assassins.
Le souci étant que ces gens-là avaient fini par se reproduire, car Helori V et ses prédécesseurs, en bons rois respectueux des lois naturelles, avaient chacun leur tour rejeté la possibilité de stériliser lesdits êtres incompatibles avec la vie en société.
En effet, la peine de mort étant abolie, après plusieurs condamnation d'emprisonnement - voire même pas pour les cas les plus graves - le monarque, pour protéger le reste de ses sujets, n'avait d'autres choix que d'écarter physiquement les brebis galeuses de son royaume.
Corollairement à ce qui était encore actuellement parfois effectué, un comté dont le roi en déniait le nom avait vu le jour à l'extrême limite de ce grand pays qu'était la Scandinavie - en sa partie civilisée.
Toutefois, il y avait un avantage et non des moindres à cette création incontrôlée et désormais bien plus qu'incontrôlable : la criminalité rapportée avait nettement baissé.
La seule pensée de serendre dans la Décharge suffisait à dissuader tout délinquant potentiel un tant soit peu malin et sain de refouler ses désirs criminels.
