Blanche-Neige ~ Chapitre 52

1 0 0
                                    

Tandis qu'il mâchait avec plaisir une fourchetée de pommes de terre sautées, Judicaël réfléchissait avec soin quant aux prochaines paroles qu'il allait prononcer

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Tandis qu'il mâchait avec plaisir une fourchetée de pommes de terre sautées, Judicaël réfléchissait avec soin quant aux prochaines paroles qu'il allait prononcer.

Comme le petit garçon s'en doutait, les prochains mots qui sortiraient de sa petite bouche aux dents déjà bien sales pour une si jeune personne seraient d'une importance cruciale.

Effectivement, l'homme épuisé, physiquement mais surtout moralement le fixait intensément de ses yeux vides.

Il espérait avec force que ce microscopique inconnu lui apporte les nouvelles rassurantes que ses oreilles avaient besoin d'entendre.

Déglutissant lentement, Judicaël s'essuya tel un souillon sa bouche dégoulinante d'huile d'olive à l'aide de sa veste déjà loin d'être d'une propreté immaculée, puis planta ses pupilles dans celles aux globes humides de son hôte.

- Je sais où est Éléonore, dit-il simplement. Je suis venu pour ça...

Sa voix était douce, chantante et cristalline comme celle d'un ange. 

Le comte ne put que le croire.

Sans même le réprimander quant au fait qu'il aurait peut-être pu le lui annoncer à l'entrée du château, au lieu de prendre le temps de finir une large plâtrée de pommes de terre accompagnées d'un épais steak de blé, de curry et de lentilles corail, Einar lui demanda alors, presque en l'implorant où donc se trouvait sa filleule.

Judicaël se râcla la gorge.

Avant de l'en informer, il réclama une épaisse part de gâteau comme dessert, qui lui fut apportée.

Au moment où sa cuillère se planta dans la part onctueuse de moelleux au citron gorgée de crème anglaise, le vaurien lui répondit enfin.

Mais d'abord, il posa ses conditions, strictes et exigeantes.

En effet, d'après l'enfant de six ans malpropre comme un rat d'égout et confortablement assis dans un somptueux canapé cousu main par des couturières payées une misère, il vivait avec ses deux parents et sa petite sœur encore bébé aux abords de la Décharge.

Son aimante famille vivait sans le sou, avait des difficultés à se nourrir et la mère peinait même à alimenter sa dernière tant son corps ne produisait pas assez de lait.

Einar de Varde s'émut à l'évocation de cette triste histoire de vie, que bien entendu jamais un homme de sa condition n'avait vécu.

Il voyait les miséreux de loin, comme des malchanceux étant hélas nés d'unions trop peu glorieuses et peu disposés à s'élever dans la société.

Non pas qu'il était aussi imbuvable que la plupart des nobles et bourgeois de cette Scandinavie.

Le comte se préoccupait des pauvres de son pays, à sa manière, id est de loin et sans vraiment trop savoir de quoi il avait pitié.

Après tout, la faim d'une durée dépassant le saut d'un repas, largement rattrapé au suivant par une série de copieuses préparations culinaires concoctées par des chefs cuisiniers, il la connaissait tout autant que le froid d'une cabane moisie du début à la fin de l'hiver, ou que la souffrance d'une maladie curable, mais dont aucun médecin n'était disposé à soigner par faute de moyens de ce malade incapable de le rémunérer.

Toutefois, Einar de Varde continua d'écouter le marmot assis face à lui.

Vantablack 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant