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Le trio mené initialement par Blanche approchait à grands pas du comté de Varde.
Le parrain d'Éléonore...
Leur père leur ayant manifestement tourné le dos, s'il y avait bien quelqu'un apte et désireux de retrouver leur sœur, c'était bien cet homme au crâne dégarni et aux rides nasogéniennes prononcées.
Einar de Varde...
Si ce n'était pas Helori V sur le trône du Danemark, à coup sûr cet homme règnerait sur la Scandinavie, petit à petit étendue...
Quoi qu'il en soit, ni Blanche ni Cléophée ni Arabella ne perdaient de vue le bruit léger, discret, crée malencontreusement mais cherchant à ne pas être repéré, de l'être qui les traquait.
Et si c'était une femme ?
Après tout, la Décharge n'abritait hélas pas que des hommes...
Soudain, Arabella pâlit.
Pourquoi un chasseur se donnerait-il la peine de ne pas se faire remarquer au lieu d'attaquer ?
Elle lança un regard à l'une puis à l'autre de ses sœurs, et sans prononcer un mot réussit à leur transmettre le message.
Il se passait quelque chose d'anormal, mais pas uniquement.
De dangereux surtout.
Focalisées sur l'enlèvement d'Éléonore et de Géryon, la petite tribu en avait oublié qu'à la base, ils n'étaient que des enfants perdus au milieu de la forêt.
Qui plus est, les progénitures du roi haï des rebuts de la société, des parias dont personne ne voulait, soit en raison de leur lieu de naissance soit du fait des faits qu'ils avaient commis ou commettaient encore.
À quelques mètres du dos de Cléophée, par exemple, un certain Jamarcus Datila s'était rendu célèbre peu de temps après la naissance de son petit frère pour avoir égorgé toute sa famille une nuit d'été avant de mystérieusement disparaître.
Enfin disparaître...
Tout un chacun savait pertinemment où ce genre de personnages se rendait pour ne pas être appréhendé après avoir commis de tels méfaits.
Datila se fichait pas mal que Blanche et les deux autres désiraient se rendre auprès du comte de Varde ou ailleurs.
Il avait d'autres priorités, la première consistant à apporter à sa cliente le cœur bien frais de chacun de ces gamins.
Néanmoins, il avait des consignes strictes : le mercenaire avait l'obligation de mettre à bien cet ordre après que lesdits enfants aient trouvé refuge chez une belle âme...
Belle âme qu'il achèverait donc également.
Le voilà donc occupé à effrayer ses petites proies, tel un lion poursuivant des gazelles dans la savane.
Il les sentait deviner le grand péril non loin d'eux, et à cette pensée Datila se pourlécha les babines comme un pitbull.
La marche aboutit enfin.
Comme il s'en doutait, les enfants se dirigeaient tout droit vers le château de cette saleté de comte.
Encapuchonné et vêtu d'une longue cape sombre, camouflée derrière le tronc haut et large d'un arbre, il les observa de loin quitter les bois.
La nuit était tombée, le rebut y resta, conscient que sa mission démarrait pour de vrai à cet instant-là.
Ou plus exactement, après qu'il ait eu la confirmation que ses prochaines victimes prévues se soient bel et bien cachées dans ce majestueux château dont avait hérité Einar de Varde de ses ancêtres.
