Jour 2.1

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J'ouvre les yeux dans une pièce inconnue, je ne comprends pas. Où suis-je ? Pourquoi je ne suis pas dans mon lit ? Ma respiration s'accélère et mon cœur se lance dans une course effrénée au sein de ma cage thoracique. Mon regard va de droite à gauche, une salle blanche et vide, seul le canapé sur lequel je dors se trouve dans la pièce. Je suis enveloppée dans un plaid noir et porte un pull gris trop grand qui ne m'appartient pas. Je me lève et regarde le divan rouge où j'ai dormis cette nuit, sa couleur foncée me rappelle celle du sang qui coule sur le sol pendant mes crises de panique les plus violentes.

Alors que j'observe la pièce je remarque un ukulélé posé sur le côté du divan, en le regardant tout me revient : les médicaments, le concert, Tyler, Josh et tout ce que je leur ai dit hier. Je me sens coupable, je leur ai exposé une grande partie de mes angoisses alors qu'ils ont sans doutes les leurs. Je n'ai pas le droit de les emmener avec moi dans le périple qui se passe dans ma tête, je n'ai le droit d'y emmener personne. Comment ai-je pu être si égoïste ? De quel droit dois-je inquiéter les autres ?

Les larmes montent, elles s'accumulent dans mes yeux, la fenêtre de l'âme. Hier je n'ai pas réussis à étouffer mon âme alors puis-je la noyer aujourd'hui ? J'espère que oui, je ne veux plus faire souffrir les autres comme je le fais toujours. En tuant mon âme je me tue moi-même.

Je ne mérite pas de rester ici, je ne mérite l'aide de personne. Je dois m'éloigner de Tyler et Josh, je ne suis pas quelqu'un de bien, je suis dangereuse pour les autres, une calamité, un boulet, une corde passée autour de leur cou.

J'empêche le flots de larmes de couler et retiens tout en moi comme je sais si bien le faire. Je reconstruis la barrière mentale entre mes sentiments et moi, j'érige un mur indestructible, une forteresse qui me protège des attaques incessantes de mon cœur rebelle sur mon esprit.

Il y a deux portes dans cette loge mais je ne sais plus par laquelle j'étais arrivée la veille. Je retire le pull qui doit être à l'un des deux garçons, le plie et le pose sur le canapé. Maintenant je suis en t-shirt et j'ai bien plus froid alors je remet ma veste qui était par terre. Je suis face à la première porte et ne sachant pas ce qu'il y a derrière j'y colle mon oreille : j'entends quelqu'un, une respiration saccadée et des pleurs. Malgré la porte nous séparant je sais que c'est Tyler dans cette pièce. Pourquoi pleur-t-il ? J'ai besoin de l'aider, de le réconforter mais j'ai le même besoin de fuir loin de lui et des ennuis que je pourrais lui créer. Mais ses pleurs, l'idée qu'il souffre, tout cela est plus fort que de fuir. Ma seule raison de continuer dans la vie c'est d'aider le plus de gens possible alors en l'abandonnant je déchirerais mon âme déjà bien amochée. Je prends une grande respiration, toque à la porte, ouvre doucement et trouve un Tyler recroquevillé et en pleur. Il a besoin de mon aide et j'ai besoin de l'aider. Je m'approche, et m'assois à ses côtés.

Je suis près de lui mais ne sais pas quoi dire. Il a besoin d'aide et du contact de quelqu'un, je le sais sinon il m'aurait déjà demandé de partir ou se serait éloigné, même légèrement. Mais il est resté immobile alors je le prends dans mes bras, parfois c'est la seule chose qui peut nous sauver.

Je ne le lâche pas, il pleur dans mes bras et je me surprends à verser une larme, puis une autre. Bientôt le torrent que j'avais réussis à contrôler plus tôt se déverse sur mes joues et nous ne sommes que deux âmes en peine qui ont besoin de soutient.

Le temps passe et la douleur s'éloigne avec les secondes qui s'écoulent. Les larmes se tarissent et nos âmes, qui s'étaient échappées de nos corps avec les larmes le temps de céder à dix minutes de faiblesse, reviennent en nous.

Nous sommes de retour chez les vivants.

Tyler relève la tête, ses yeux sont rouges et gonflés d'avoir pleurer pendant si longtemps, les miens ne doivent pas être très différents. Il me regarde et me dit :

-C'est gentil d'être restée...

-C'est normal entre angoissé n'est ce pas ? Un rire nerveux ne peut s'empêcher de suivre cette phrase, il est le premier à qui j'avoue véritablement être angoissée et pourtant je le dis très facilement.

-Ça t'as fait du bien de nous parler hier ?

-Je pense que oui...

-Tu penses ?

Je réfléchis à sa question, est ce que ça m'a fait du bien de parler ? Est ce que je me sens bien maintenant ? Bien n'est pas le bon mot. Hier j'étais une fille très angoissée et stressée et aujourd'hui je suis toujours la même fille avec les mêmes peurs. Parler à allégé le poids sur mes épaules et desserré le nœud autour de mon cœur, pourtant ces sentiments sont toujours là alors je ne vais pas bien, non je vais un peu mieux. Oui, mieux est le mot qui convient.

-Je pense que « bien » n'est pas très représentatif de mon état, « mieux » le serait lui.

-Donc tu vas mieux... je suis content de t'avoir aidée alors.

-Je peux t'aider aussi ?

-Je crois pas que tu sois la bonne personne... ne te vexe pas, c'est juste que... je sens bien que ce n'est pas toi qui pourras m'aider à me sentir mieux... ce n'est ni toi ni Josh, je dois encore chercher cette personne, LA personne qui me fera connaître ce « mieux ».

-Je vois... chacun à une personne qui lui permet d'atteindre le « mieux » selon toi.

-Exact, à chacun sa personne, à chacun son âme sœur.

-Alors pourquoi je me sens mieux depuis hier ?

Tyler ne répondit pas, un sourire s'étendit sur ses lèvres et un petit rire l'accompagna.

-Allons Louna je ne peux pas te raconter la fin de l'histoire sans que tu ais lu le résumé !

-Hein ?! C'est quoi ce charabia ?

-Le charabia d'un angoissé, quelque chose que seul moi peut comprendre.

Il me fit un clin d'œil et commença à se relever. En arrivant je n'avais prêté attention qu'à lui et découvrais donc la pièce. C'était une petite salle de bain avec une douche, des toilettes et un lavabo. Je m'aidais du recoin du meuble du lavabo pour me relever, alors que nous étions tout les deux debout dans le silence mon ventre fit le plus gros gargouillis de l'histoire de l'humanité. Tyler me regarda amusé, je sentis mes joues s'empourprer. Tyler se retenait de rire mais sa tête était une énorme grimace : ses lèvres pincées, ses joues contractées et les yeux plissés. Je ne pu m'empêcher d'éclater de rire avant lui mais il ne lui fallu qu'une fraction de seconde pour se plier en deux avec moi.

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Le jour 2 commence doucement avec Tyler, ce chapitre vous plait-il ?

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